previous article in this issue | next article in this issue |
Preview first page |
Document Details : Title: La vacuité et sa valeur instrumentale Author(s): VIÉVARD, Ludovic Journal: Journal Asiatique Volume: 288 Issue: 2 Date: 2000 Pages: 411-429 DOI: 10.2143/JA.288.2.455 Abstract : Le bouddhisme du Grand Véhicule traduit une modification de l'orientation sotériologique par la large place et le rôle qu'il accorde au bodhisattva. Contrairement au sravaka, pour qui le terme sotériologique est l'extinction (nirva∞a), le bodhisattva est en quête de l'éveil (bodhi) qu'il souhaite atteindre non pour son seul bien (svartha) mais pour le bien d'autrui (parartha). La compassion (karu∞a) apparaît ainsi comme une vertu majeure et indispensable du Mahayana. Parallèlement, le Grand Véhicule, et singulièrement le Madhyamaka, suivant en cela le bouddhisme canonique, définit davantage l'enseignement comme un savoir permettant de progresser vers la bodhi plutôt que comme un savoir possédant un contenu ontologique. La connaissance est donc ordonnée au salut et n'est valorisée que dans la mesure où elle possède cette valeur anagogique. L'enseignement est ainsi un moyen (upaya) et son utilisation est définie par son utilité sotériologique. La vacuité (sunyata) est également à compter au nombre des instruments dialectiques comme l'indiquent un certain nombre de termes auxquels elle se trouve associée: upaya, niÌsara∞a, kara∞a. Interprétée comme un instrument dialectique elle ne se comprend pas par un quelconque contenu ontologique, mais uniquement au travers de sa fonction, de son application (prayojana). Dès lors, ce qui en légitime l'usage est moins la vérité qu'elle pourrait renfermer que l'efficacité sotériologique qu'elle permet de déployer. Plus, le monde ne doit ni ne peut se définir en terme de vérité mais doit être décrit au travers de son activité. La notion même de vérité va donc subir une réinterprétation. Dissociée de tout contenu ontologique celle-ci ne peut plus se penser en termes d'être ou de non-être, mais ne pourra qu'être évaluée au travers de l'utilité sotériologique qu'elle renferme. La vérité (satya) et l'erreur (m®Òa) ne sont plus ce qui est (sat) ou ce qui n'est pas (asat), mais ce qui sert ou non au salut. Cependant, l'utilité sotériologique ne saurait être envisagée comme tournée exclusivement vers le bodhisattva. Au contraire, dans la mesure même où il est en quête de la bodhi, son intérêt (svartha) passe par celui d'autrui (parartha) auquel il ordonne l'ensemble de son activité. La compassion va ainsi s'intégrer au dispositif dialectique et en orienter en partie l'usage. Buddhism of the Great Vehicle conveys a modification in the soteriological purpose through the large place it gives to the bodhisattva. Unlike sravaka, for whom the soteriological end is exctinction (nirva∞a), the bodhisattva is in search of enlightenment (bodhi), not only for his own weal (svartha), but also for the weal of others (parartha). Thus, compassion (karu∞a) appears as an essential value of Mahayana. At the same time, the Great Vehicle and particularly the Madhyamaka, following the canonical buddhism, defines teaching as a knowledge allowing us to progress towards the bodhi, more than a knowledge with an ontological content. Knowledge is thus linked to salvation and is valuable only if it possesses this anagogical aspect. Teaching is a means and its use is defined by its sotoriological usefulness. Emptiness (sunyata) is also a dialectical means as it is shown by its association to words such as upaya, niÌsara∞a or kara∞a. Interpreted as a dialectical means, emptiness must not be understood in reference to ontology, but only through its function, its application (prayojana). Therefore, using it is admitted less because of the truth it may contain but because of its soteriological efficiency. Moreover, the world itself cannot be defined in terms of truth, but must be described through its activity. The conception of truth is thus going to be reinterpreted. Separated of any ontological reference, it cannot be thought in terms of beeing or non-beeing, but through its soteriological usefulness. Truth (staya) and falseness (m®Òa) are not what is existent (sat) or non-existent (asat), but what is useful or not to attain salvation. Moreover, as the bodhisattva is in search of the bodhi, his own weal (svartha) goes with the weal of others (parartha) which is the purpose of all his activities. Compassion is thus a part of the dialectical device, and for part, commands it. |
|