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Title: Description et analyse des coronales occlusives népalaises
Author(s): KHATIWADA, Rajesh
Journal: Bulletin de la Société de Linguistique de Paris
Volume: 109    Issue: 1   Date: 2014   
Pages: 277-327
DOI: 10.2143/BSL.109.1.3064312

Abstract :
Le népalais, une langue indo-aryenne parlée au Népal, mais également en Inde et au Bhoutan, possède, comme ses langues «sœurs», trois séries phonologiques d’occlusives coronales (dentales, affriquées et rétroflexes). Chacune de ces catégories est à son tour classifiée, en fonction du voisement et de l’aspiration en douze segments: /t tʰ d dʱ/ (dentales), / ts tsʰ dz dzʱ/ (affriquées) et /ʈ ʈʰ ɖ ɖʱ/ (rétroflexes). En se basant sur les méthodes palatographique et linguographique, le présent travail tente de comprendre et analyser le mode de production de ces consonnes. Les neuf locuteurs népalais – 4 femmes et 5 hommes –, ont bénévolement participé à nos deux expériences, dont la première visait à étudier la variation «interlocuteurs» et la deuxième la variation «intralocuteurs», en fonction de trois contextes vocaliques différents. Si les affriquées se différencient des deux autres catégories grâce à la présence d’une double phase (phase d’occlusive suivie de celle de fricative), la différence entre les dentales et les rétroflexes semble davantage provenir d’une configuration linguale particulière que de la différence du lieu d’articulation. Contrairement à Pokharel (qui est à l’origine de la toute première étude palatographique sur les consonnes népalaises (Pokharel 1989)), nous observons que la classe des rétroflexes regroupe celles des coronales qui sont produites sans recourbement de la pointe de la langue (que nous trouvons chez Pokharel) mais aussi celles qui sont produites avec recourbement de la pointe de la langue (que nous ne trouvons pas chez lui). En raison de l’absence de la rétroflexion dans ses données (basée sur un seul locuteur), Pokharel revendique l’absence de véritables consonnes rétroflexes en népalais. Il affirme également que ces consonnes ne sont pas produites dans la région post-alvéolaire ce qui semble pourtant être souvent le cas pour les rétroflexes. Suivant Hála (1964), nous notons que la classe dite «rétroflexe» en népalais est composée de deux catégories phonétiques de type vertical, sans recourbement de la pointe de la langue (appelée cacuminale par Hála), et avec recourbement de la pointe de la langue (véritable consonne rétroflexe). J’avance l’argument que les consonnes cacuminales et rétroflexes font partie de deux extrêmes d’un même continuum d’une seule et unique classe dite «rétroflexe» où la rétroflexion est la forme maximale garantissant la meilleure perception phonique de cette catégorie.



Nepali is an Indo-Aryan language, spoken in Nepal, as well as in India and Bhutan. Like its sister languages, it has three phonological series of coronal stops (dentals, affricates and retroflexes). Depending on voice and aspiration, each of these three categories can be divided into twelve different phonological segments: /t tʰ d dʱ/ (dentals), /ts tsʰ dz dzʱ / (affricates) and /ʈ ʈʰ ɖ ɖʱ / (retroflexes). Based on the palatographic and linguographic method, the present work explores and tries to understand how these consonants are produced. Nine speakers, four females and five males, volunteered for two different experiments: The first experiment studied inter-speaker variation whereas the second tried to verify whether there is any intra-speaker variation in accordance with three different vocalic contexts (i, a, and u). While double phasing (stop followed by fricative) differentiates the affricates from the two other categories, the lingual configuration seems to play an important role in distinguishing between retroflexes and dentals. Unlike Pokharel (whose study of Nepalese consonants is the first experimental palatographic study (Pokharel 1989)), we observe that the retroflexes include not only the coronals, which are produced without the tip of the tongue curling back (also presented by Pokharel) but also those with the tip curled back (not found in Pokharel 1989). As true retroflex consonants are absent from his corpus (based on only one speaker), Pokharel claims that there is no such consonant in the phonological inventory of Nepali. He claims that so called 'retroflex' consonants are not produced in the post-alveolar region although this is often the place of articulation for the consonants in this category. In keeping with Hála (1964), we note that Nepalese retroflexes can be divided into two distinct phonetic categories of the 'vertical type', without the tongue tip curling back (called cacuminal by Hála), and with the tongue tip curling back (the 'real' retroflex). I am of the opinion that the cacuminal and retroflex consonants are, in this case, two extremes on the same continuum of a single unique class of retroflex consonants where retroflexion in its maximal form ensures maximal phonic perception of the category.



El nepalí, lengua indo-ariana hablada en el Nepal, y también en la India y Bhután, tiene, como sus idiomas ‘hermanos’, tres series fonológicas de oclusivas coronales (dentales, africadas y retroflejas). Cada una de estas categorías se clasifica a su vez, dependiendo de la sonoridad y de la aspiración en doce segmentos: /t tʰ d dʱ/ (dentales), / ts tsʰ dz dzʱ/ (africadas) y /ʈ ʈʰ ɖ ɖʱ/ (retroflejas) Basándonos en los métodos palatográfico y linguográfico, el presente trabajo intenta comprender y analizar el modo de producción de estas consonantes. Nueve hablantes nepales – 4 mujeres y 5 hombres –, han participado a nuestros dos experimentos, cuyo primer experimento proyectaba el estudio de la variación «interhablantes» y el segundo la variación «intrahablantes», tomando en cuenta tres diferentes contextos vocálicos. Si las africadas difieren de las otras dos categorías debido a la presencia de una doble fase (fase oclusiva seguida por la fricativa), la diferencia entre las dentales y las retroflejas, parece resultar más bien de una configuración lingual particular que de una diferencia del lugar de la articulación. A diferencia de Pokharel (quien inició el primer estudio palatográfico sobre las consonantes del nepalí (Pokharel 1989)), observamos que la clase retrofleja incluye no solo las coronales que se producen sin encorvar la punta de la lengua (que encontramos en Pokharel) sino también las que se producen con la punta de la lengua encorvada (que no se encuentran en su estudio). Debido a la falta de retroflexión en sus datos (basados en un solo hablante), Pokharel reivendica la ausencia de verdaderas consonantes retroflejas en nepalí. También afirma que estas consonantes no son producidas en la región postalveolar lo que parece ser el caso a menudo para la retrofleja. Según Hála (1964), notamos que la clase denominada «retrofleja» en nepalí se compone de dos categorías fonéticas de tipo vertical, sin que la punta de la lengua se encuerve (llamada cacuminale por Hála) y con la punta de la lengua encorvada (verdadera consonante retrofleja). En mi opinión, las consonantes cacuminales y las retroflejas forman parte de los dos extremos de un continuo de una sola y misma clase llamada «retrofleja» donde la retroflexión es la máxima forma que garantiza la mejor percepción fónica de esta categoría.

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