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Document Details :

Title: Des fleurs rouges en galette
Subtitle: Un plante tinctoriale dans la chine ancienne: le carthame
Author(s): TROMBERT, E.
Journal: Journal Asiatique
Volume: 285    Issue: 2   Date: 1997   
Pages: 509-547
DOI: 10.2143/JA.285.2.556518

Abstract :
Plante oléagineuse et tinctoriale, le carthame a connu un long et lent cheminement dont on peut suivre les traces depuis l’Egypte pharaonique jusqu’aux bords du Pacifique atteints seulement vers la fin du premier millénaire de notre ère. Dans une première partie, on s’efforcera de démêler légende et réalité à propos de l’introduction de cette plante dans le monde chinois. Inconnu de la Chine antique, le carthame ne fut introduit dans l’Empire, via la Perse et l’Asie centrale, que vers le IIIe siècle après J.-C. Telle est la vérité historique que l’on peut établir d’après les textes. Mais il n’est pas moins intéressant d’étudier le processus par lequel la légende — introduction dès le IIe siècle avant J.-C. par le général Zhang Qian — a pris corps, longtemps après les faits supposés, et s’est affirmée graduellement par le biais des techniques de compilation et de l’art de la citation, exercices favoris des lettrés chinois. On notera cependant que la légende s’est imposée sans exclure l’hypothèse contraire — nouvel exemple offert par la littérature chinoise de la coexistence pacifique de théories opposées au sein de mêmes ouvrages.
Puisque le carthame est venu en Chine par la route de la soie, on se penchera, dans une deuxième partie, sur les manuscrits retrouvés à Dunhuang qui, sur ce sujet comme sur tant d’autres, apportent des informations très concrètes et précises. On analysera plusieurs comptes de monastères et registres de l’administration d’Etat pour montrer que les deux produits principaux issus du carthame étaient d’un usage courant dans cette oasis aux VIIIe - Xe siècles: ses graines, qui servaient à faire de l’huile, et la matière tinctoriale, qui faisait l’objet d’offrandes nombreuses de la part des fidèles aux monastères bouddhiques. Quelques documents apportent même la preuve que la plante était cultivée localement.
Dans une troisième partie, on s’intéressera aux procédés de fabrication du colorant et du fard rouge tirés des fleurs de carthame, procédés complexes qui requièrent de bonnes connaissances en matière de réactions chimiques. On a la chance de posséder plusieurs textes détaillés sur la question. Le plus ancien date du VIe siècle, le plus récent du XVIIe, ce qui permet d’observer sur la longue durée les modes de transmission de ces techniques. La comparaison des procédés décrits dans ces différents ouvrages est nettement à l’avantage du plus ancien. Il semble bien que le poids de la tradition livresque accumulé au fil des siècles ait fini par faire perdre aux auteurs savants le goût de l’observation personnelle et de l’expérience concrète, sans pour autant empêcher les artisans, de leur côté, de continuer à innover et à perfectionner leur art.

Safflower, an oleaginous and dyeing plant, spread slowly through vast expanses of land. Its progression can be traced from Egypt in Pharaonic times to the Pacific shores, which it only reached around the end of the first millenium of our era. Part one will be an attempt to separate fact from fiction with respect to the introduction of this plant into the Chinese world. Unknown in Early China, safflower was not introduced to the Empire until the third century A.D., through Persia and Central Asia. This is the historical truth, such as it can be determined through the study of texts. Nevertheless, it is just as interesting to study how the legend of its introduction by general Zhang Qian as early as the 2nd century B.C. developed. This legend appeared long after the presumed facts and progressively expanded through the technique of compilation and the art of quotation — favorite exercises of Chinese scholars. It should be indicated, however, that the legend took hold without excluding the opposite assumption. This is yet another example provided by Chinese litterature of the peaceful coexistence of mutualy exclusive theories within the sames books.
Since safflower arrived in China through the Silk Road, part two will contain an analysis of manuscripts found in Dunhuang, which, on this subject as on so many others, reveal very concrete and accurate information. Several monastery accounts and government registers will be analyzed in order to demonstrate that the two main by-products of safflower were commonly used in that oasis between the 8th and 10th century: its seeds, which were used to produce oil, and its dyeing stuff, which the faithful used to bring as offerings to Buddhist monasteries. Several documents even show evidence of local cultivation of the plant.
Part three will present the processes used to manufacture the dyeing stuff and the red make-up paint from safflower - complex processes requiring a thorough knowledge of chemical reactions. Fortunately, we possess several detailed texts on this subject. Thé oldest one dates back to the 6th century, the most recent one from the 17th century. As a result, we are able to observe how these techniques were transmitted over an extended period. The comparison of the processes described in these different documents undoubtedly favors the older one. It seems that the weight of the knowledge acquired from books over the centuries ended up suppressing the taste for personal observation and practical experimentation among scholars, without preventing craftsmen from continually innovating and improving their art.

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