this issue
previous article in this issuenext article in this issue

Document Details :

Title: Le soi agissant et l'être comme acte
Author(s): STEVENS, Bernard
Journal: Revue Philosophique de Louvain
Volume: 88    Issue: 4   Date: Novembre 1990   
Pages: 581-596
DOI: 10.2143/RPL.88.4.556114

Abstract :
Avec la parution, en 1950, du premier tome de la Philosophie de la volonté - Le volontaire et l'involontaire - Paul Ricœur se présentait comme un disciple de Husserl, s'inscrivant tout comme celui-ci dans la tradition la plus classique de la philosophie réflexive, issue du Cogito cartésien. Cependant, dès l'abord, le rapport de Ricœur à Husserl est critique et son attitude par rapport à l'autonomie prétendue du Cogito est sceptique: il s'agit pour lui d'élargir la saisie du monde par le sujet à l'expérience opaque du vouloir, du corps propre, de la nécessité de nature, bref: à l'existence au sens plein; et il s'agit conjointement de mettre à l'épreuve le Cogito par les modalités diverses du soupçon érigé contre les illusions de la conscience pure.
Avec Soi-même comme un autre, paru quarante ans plus tard (1990), il semble que rien n'ait foncièrement changé, et pourtant une mutation décisive s'est produite. L'ancrage dans la philosophie réflexive se maintient. Mais s'est accru le recul pris par rapport à l'ambition auto-fondationnelle des philosophies du sujet, à tendance idéaliste, issues du Cogito cartésien. A distance égale de l'exaltation du Je par ces dernières et de son rabaissement par les philosophies du soupçon, issues de la généalogie nietzschéenne, Ricœur propose une conception du sujet où celui-ci n'est plus le point de départ fondationnel d'une constitution du monde, mais le point d'arrivée d'une herméneutique du soi. Et parce que'un tel soi est foncièrement soi agissant, l'herméneutique qui cherchera à le cerner sera essentiellement une herméneutique de l'action.

Download article