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Title: Linguistique historique et archéologie: aspects toponymiques de la romanisation de la Gaule à la lumière de travaux récents concernant la Grande Limagne
Author(s): CHAMBON, Jean-Pierre
Journal: Bulletin de la Société de Linguistique de Paris
Volume: 97    Issue: 1   Date: 2002   
Pages: 95-121
DOI: 10.2143/BSL.97.1.503755

Abstract :
Les recherches d'archéologie spatiale récemment entreprises par Frédéric Trément et son équipe sur quelques communes de la Grande Limagne livrent, pour la première fois, une image détaillée et exhaustive de la dynamique du peuplement antique et post-antique dans une microrégion de la Gaule chevelue. Basés qu'ils sont sur des «dénombrements complets», ces travaux innovateurs conduisent à déplacer sur un terrain plus ferme et plus sain les rapports, souvent ponctuels et aléatoires, qu'entretiennent l'histoire et l'archéologie du peuplement, d'une part, la linguistique historique appliquée à l'analyse
des noms de lieux, de l'autre.

Grâce à la toile de fond tissée à neuf par l'historien-archéologue, l'investigation linguistique se trouve en mesure d'appréhender de façon plus fine, dans un secteur test de la Gaule centrale, certains aspects toponymiques du procès de romanisation. On pense pouvoir ainsi établir le caractère précoce et systématique de ce procès (mise en place, dès le début du Ier siècle de notre ère, du réseau des dénominations latines dé-anthroponymiques dénotant les nouvelles villae), discerner deux de ses phases successives (la première conservant une certaine assise autochtone, la seconde marquée par l'attraction exercée par Nîmes et le modèle narbonnais de romanité) et mettre en évidence l'érosion différentielle du stock toponymique gaulois (effondrement des dénominations d'exploitations rurales vs tendance au maintien des dénominations d'agglomérations secondaires). On voudrait également suggérer qu'il n'est pas impossible que l'analyse linguistique apporte, en retour, sa collaboration à l'archéologie dans le repérage des zones à vocation collective et/ou publique et dans la datation des habitats tardo-antiques ou altimédiévaux. On espère contribuer de la sorte à l'amélioration des relations, qui ne sont pas toujours dépourvues d'ambiguïté ni d'ambivalence, entre archéologie et linguistique historique.

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