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Document Details : Title: Deux territoires d'histoire linguistique: le Brahmapoutre et l'lénisséï Author(s): JACQUESSON, François Journal: Bulletin de la Société de Linguistique de Paris Volume: 95 Issue: 1 Date: 2000 Pages: 343-388 DOI: 10.2143/BSL.95.1.503727 Abstract : La difficulté d’apprécier toutes les dimensions de la linguistique historique tient à deux obstacles inverses. Tantôt on croit que les langues sont de purs produits de leur temps, qu’elles s’effacent à mesure que de plus puissantes prennent leur place. Ce discours, qui vise généralement à justifier l’indifférence à l’égard des langues qui disparaissent, nie toute possibilité d’une histoire linguistique, en y substituant l’histoire politique. Tantôt, et de façon opposée, on prétend que les langues sont héritières de lignées continues qui permettent de les regrouper d’autant plus qu’on remonte dans le temps. Cette illusion, qui nie les disparitions de nombreuses langues ou de familles entières, qui ignore des pidgins et les créoles, culminedans l’idée — bien vieillie — que les lignées linguistiques sont tout simplement parallèles aux lignées humaines, et n’est autre quel’hypothèse adamiste. L’une et l’autre idée ignorent pareillement que les langues sont historiques: ni assujetties aux événements, puisque les langues ont à coup sûr leurs spécificités de développement, ni indifférentes à eux, puisqu’il est vrai que certaines disparaissent brutalement avec leur derniers locuteurs au lieu de se transformer naturellement. Ce caractère médiateur des langues, à mi-chemin de l’arrogance et de la servilité, joue probablement un rôle important dans les capacités humaines d’adaptation. Il convient donc d’étudier des cas, qui permettent de mieux comprendre l’interrelation entre langue, population, et contexte. C’est pourquoi l’on étudie ici les situations des parlers du Brahmapoutre (Inde) et de l’Iénisséï (Sibérie russe), qui sont dans une certaine mesure complémentaires, pour montrer modestement l’imbrication de ces trois facteurs. |
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