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Document Details : Title: Thème et variations sur l'ouverture de l'enclos Subtitle: De Vṛtrahán à l'Apollon des Delphes Author(s): BADER, Françoise Journal: Bulletin de la Société de Linguistique de Paris Volume: 102 Issue: 1 Date: 2007 Pages: 57-100 DOI: 10.2143/BSL.102.1.2028199 Abstract : Dix noms et/ou épiclèses de dieux et héros de l’indo-iranien, du grec, du germanique (Vṛtra-hán, Vǝrǝϑragna-, Ἀργει-, Ϝελλερο-, Βελλερο-φόντης, v. isl. varg-úlfr, ΛυκόϜοργος, Σειρῆνες, Ἀπόλλων ἑκάεργος) s’expliquent par la métaphore de la fermeture-ouverture de l’enclos. Ce sont des composés de *gwhen- «abattre pour maîtriser» et/ou de *h1w-er-(g)-, *h1w-el-, racine de l’ «ouverture-fermeture» (opération complémentaires désambiguïsées par des préverbes, type lat. ap-, op-eriō). Née métaphoriquement elle-même de la racine de la «vêture» (*h1u-, cf. lat. ex-, ind-uuiae), cette racine s’est spécialisée pour la technique de l’enclos fermé par une porte à double battant munie d’un verrou à liens (d’où, par de nouvelles métaphores, les développements polysémiques de la racine vers «délimiter», «lier», «écarter», et des noms de l’«enclos» [skr. vrajá-, valá-], et de la «porte» [osq. VERU, etc.]). A interpréter par la complémentarité du nom (pour la «fermeture»), et du mythe (pour l’«ouverture»), les noms d’exploit en *gwhen- forment un tout, structuralement fragmenté en dossiers distribués au cours des siècles par leurs maîtres aux poètes, pour la forme (analyse phonologique des constituants de *gwh- par des paires qu’ils forment avec les consonnes des premiers membres, en *gw, *w, *g: Βελλερο-, Vṛtra-/Ϝελλερο-, Ἀργει-), et pour la représentation du monde: cosmos par les complémentaires maîtres de lumière et d’obscurité: Vṛtra-hán- «qui, ayant abattu la fermeture», est maître de l’ouverture (de la lumière aurorale [et des eaux douces]: cf. lat. nox operuit terras, fontēs aperīre); Ἁργειφόντης (Hermès) «qui, ayant abattu rapidement) la brillance» (du Soleil et de la Lune), est maître de l’obscurité (par razzia vespérale et éclipse de la lune); et microcosme, par la complémentarité de la nature et des techniques, par Vǝrǝϑragna- «qui ayant abattu la fermeture [des «cordons des bourses»]» est maître de l’ouverture de ses fontes testiculorum (en jeune mâle apte à devenir guerrier), et Hipponoos, à qui ses deux exploits valent les deux noms de Ϝελλερο-φόντης «qui ayant abattu la fermeture» (de la bouche du cheval Pégase), est maître de son ouverture (par l’imposition du mors) et Βελλεροφόντης «qui ayant abattu la piqûre mortelle» (de l’insciption portant l’ordre de le mettre à mort) est maître de l’écriture inscrite immortalisante. Absente étymologiquement de Ἀργει-, Βελλερο-φόντης, la métaphore de la fermeture est donnée par l’étymologie du nom de Hermès (*ser-, cf. lat. serō, etc.) «Lieur», et par les métaphores de l’«enclos des dents» et des «battants repliés du diptyque» pour Ϝελλερο-, Βελλερο-φόντης. A *h1w-er-g-, *h1 w-el- sans *gw hen- appartiennent les noms de ΛυκόϜοργος «qui écarte les loups-(garous) de l’enclos», cf. v. isl. varg-úlfr; des Σειρῆνες (*t-h1wer-yē-) «Ligoteuses»; d’Απέλλων ἑκάερος. Le théonyme «Ouvreur» (cf. lat. aperiō), en polarité avec son frère «Lieur», est apparenté aux débris grecs ἀπέλλειν, ἀπέλλαι, du syntagme représenté par véd. ápa vṛ- vrajásya- dvārā «ouvrir la porte de l’enclos». L’épithète ἑκάεργος, qui scande les actes initiatiques du dieu, est une kenning «qui accomplit de plein gré (en polarité avec ταλάεργος) des travaux, *werg-o-, d’ouverture, *h1werg-o-», celle de l’enclos de Delphes (*gwel-bh-, cf. skr. gárbha- «matrice» et «embryon»). Une ultime métaphore relie alors l’enclos de l’habitat des hommes et l’enclos de la matrice, habitat de l’embryon qui s’ouvre pour la naissance du petit, en un mythe d’embryogenèse où, par son développement en jeune mâle pubère, le dieu de l’Hymne à Apollon est comparable au dieu de l’Hymne à Vǝrǝϑragna, en une dernière complémentarité, culte et guerre. |
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