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Title: De Hegel à Herder: le principe d'historicité
Subtitle: Réflexions sur les relations entre les philosophies herdérienne et hégélienne de l'histoire
Author(s): PAGÈS, Claire
Journal: Revue Philosophique de Louvain
Volume: 111    Issue: 4   Date: novembre 2013   
Pages: 631-660
DOI: 10.2143/RPL.111.4.3009264

Abstract :
On n’aperçoit pas assez aujourd’hui l’influence qu’eut la philosophie de Herder sur l’idéalisme allemand. La philosophie hégélienne de l’histoire, par exemple, est indéniablement tributaire de l’historicisme herdérien, alors même que Hegel se réfère fort rarement et de façon presque exclusivement critique à Herder. Certes, on ne négligera pas le fossé qui sépare les conceptions herdérienne et hégélienne de l’histoire. Pourtant, Herder est le premier à avoir posé les prémisses de l’historicité pour une interrogation du sens et des limites de la rationalité de l’histoire, et Hegel, pour concevoir le rapport entre esprit et histoire et forger sa conception de l’historicité, s’en est largement inspiré. La restitution de cette source herdérienne de la pensée hégélienne de l’histoire – source à la fois ignorée et occultée – soulève néanmoins un nouveau problème, quoiqu’elle contribue à corriger la représentation d’un Hegel massivement anti-romantique. En effet, on constate que les théoriciens qui se sont attachés à penser et poser l’historicité des productions humaines et qui ont adopté une démarche historiciste ont le plus souvent revendiqué un patronage herdérien et affiché leur rupture avec la pensée hégélienne de l’histoire. On peut se demander en retour si la restitution de la trame «herdérienne» de la pensée hégélienne de l’historicité ne permet pas, ce faisant, d’en redresser des représentations caricaturales mais aussi de lui reconnaître les mérites qu’on veut bien prêter aujourd’hui à la pensée herdérienne de l’histoire.



Nowadays the influence of the philosophy of Herder on German idealism does not receive sufficient attention. Hegel’s philosophy of history, for example, undeniably derives from Herder’s historicism, although Hegel refers very rarely to Herder and does so almost exclusively to criticise him. To be sure, we cannot neglect the gap that separates Herder’s and Hegel’s conceptions of history. Nonetheless, Herder was the first to posit the premises of historicity in order to interrogate the meaning and the limits of the rationality of history, and Hegel to a large extent drew his inspiration from him in conceiving the relationship between spirit and history and in forging his conception of historicity. The restitution of Herder as a source of Hegel’s thought on history – a source both unknown and concealed – nonetheless raises a new problem, although it contributes to correcting the picture of a strongly anti-romantic Hegel. We note that the theoreticians who have endeavoured to think and to posit the historicity of human productions and who have claimed to adopt a historicist procedure have most frequently claimed Herder as their patron and made public their break with Hegel’s thought on history. We may inquire in return whether the restitution of Herder’s strand in Hegel’s thought on historicity does not make it possible to set straight caricatural representations, and also to give him recognition for the merits that are today willingly attributed to Herder’s thought on history.

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