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Title: Les «instances» de Desgabets
Subtitle: Supplément aux objections de Gassendi et Arnauld
Author(s): NICOLAS, Paola
Journal: Revue Philosophique de Louvain
Volume: 110    Issue: 3   Date: août 2012   
Pages: 471-493
DOI: 10.2143/RPL.110.3.2172261

Abstract :
Dom Robert Desgabets (1610-1678), un cartésien aux tendances aristotélisantes, accuse Descartes d’avoir angélisé nos âmes en supposant que nous pouvons avoir des pensées indépendantes du corps. Celui-ci se situe dans le prolongement des Quatrièmes et Cinquièmes Objections en posant derechef une question tout à fait redoutable: sommes-nous certains d’avoir dans le parcours des Méditations une perception complète de la res cogitans, ou plutôt comment être sûrs que nous ne rendions pas la connaissance de nous-mêmes inadéquate par une abstraction de l’esprit? Desgabets récuse la possibilité de pouvoir faire abstraction de tout élément corporel lors de la seconde méditation. Parce que le cogito est une expérience proprement durative, celui-ci est la manifestation originaire de notre condition incarnée. Les objections robertistes s’élaborent à partir d’une sorte de «vide théorique» du discours cartésien: tout en s’efforçant de disqualifier le modèle de l’aevum pour penser la durée de notre âme, et en concevoir la radicale successivité, Descartes ne formule pas clairement les conditions de possibilité de cette expérience de la succession. Profitant de cet «espace doctrinal», Desgabets construit sa critique en mettant en lumière le lien essentiel existant entre notre expérience d’une durée successive et notre épreuve de l’incarnation.



Dom Robert Desgabets (1610-1678), a Cartesian inclined towards Aristotelianism, accuses Descartes of angelizing our souls by supposing that we can have thoughts independently of the body. He places himself in the line of thought of the Fourth and Fifth Objections by raising anew a formidable question: are we certain in the course of the Meditations to have a complete perception of the res cogitans, or rather how can we be sure that we do not render knowledge of ourselves inadequate by an abstraction of the mind? Desgabets rejects the possibility of being able to abstract from everything corporeal in the second meditation. Because the cogito is a properly durational experience, it is the originary manifestation of our incarnate condition. Desgabets’ objections are developed from a kind of «theoretical void» in Descartes’ discourse: while attempting to disqualify the model of aevum to think the duration of our soul, and to conceive its radical successivity, Descartes does not formulate clearly its conditions of possibility. Benefiting from this «doctrinal space» Desgabets builds up his critique by bringing to light the essential link between our experience of successive duration and our experience of incarnation.

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