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Title: Le problème de l'éloge dans la Vita Martini de Sulpice Sévère
Author(s): ZARINI, V.
Journal: Vita Latina
Volume: 172    Date: Juin 2005   
Pages: 130-144
DOI: 10.2143/VL.172.0.583159

Abstract :
La Vita Martini de Sulpice Sévère est communément considérée comme le texte véritablement fondateur, à défaut d’être strictement le premier, de l’hagiographie occidentale. Or il existe un lien presque naturel entre l’hagiographie et l’éloge, de par leur commune fonction célébrative, à telle enseigne que le mot «hagiographie» reçoit souvent aujourd’hui, à côté de son sens propre, une acception péjorative qui y voit un éloge inconditionnel, et donc fort suspect à «l’ère du soupçon?
». De fait, la Vie de saint Martin a été élaborée dans un contexte où, dans la littérature profane, avec ce qu’on appelle parfois la «Troisième Sophistique» du IVe siècle, triomphe la rhétorique épidictique, et singulièrement l’éloge impérial: on le voit à travers le corpus des douze Panégyriques latins, ainsi que dans l’œuvre de Claudien, qui, à l’époque précise où Sulpice élabore la série de ses textes martiniens (Vie, Lettres et Dialogues), autour de l’an 400, compose une vaste collection d’éloges impériaux et consulaires auxquels il ajoute le prestige de la versification épique. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que notre auteur, aristocrate lettré, ancien avocat, formé par des écoles de rhétorique où l’on pratiquait, parmi les progymnasmataou praeexercitationes, la laudatio et la uituperatio, puis chrétien «converti» à un ascétisme rigoureux, et doté d’un caractère ardent et sombre, soit porté à «une égale surenchère dans la louange et le blâme».