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Document Details :

Title: Origines de l'homme, origines des hommes chez Saint Augustin
Author(s): BOUTON-TOUBOULIC, A.-I.
Journal: Vita Latina
Volume: 172    Date: Juin 2005   
Pages: 41-52
DOI: 10.2143/VL.172.0.583152

Abstract :
Depuis sa première étude datée de 1929 sur Le concept d’amour chez saint Augustin, Hannah Arendt a réservé une place singulière à cet auteur qu’elle considère comme «le seul grand philosophe que les Romains eurent jamais» ). Dans son ouvrage posthume La vie de l'esprit. 2-Le vouloir, elle s’attache à la conception augustinienne de la volonté, en posant que celle-ci manifeste l’individualité de l’homme, et qu’elle marque, selon les termes de Kant, la possibilité d’un «commencement absolument premier non quant au temps, mais quant à la causalité». Elle voit ainsi chez Augustin une véritable «philosophie du naissanciel», selon une problématique qui lui est chère: la liberté-spontanéité de la volonté est rendue possible par chaque naissance, synonyme de nouveau, ce qu’il faut relier aussi au fait que l'homme est «temporel» (homo temporalis, Cité de Dieu XII, 15). Ce dernier motif s’appuie sur l’analyse (op. cit., p. 129-130) de certains passages du livre XII de la Cité de Dieu (CD): la création de l’homme dans le temps, à titre singulier, contrairement aux autres animaux, signifie l’existence d’un «commencement» (initium), contrairement à l’idée de circuitus éternels, défendue par certains philosophes platoniciens, qui exclurait toute nouveauté. «Afin donc qu'il [ce commencement] fût, un homme a été créé avant que nul autre ne fût» (CDXII, 21, 4); cette citation est déjà mise en exergue dans l’ultime page des Origines du totalitarisme, où H. Arendt voit dans le «commencement» la «suprême capacité de l’homme»: garanti par «chaque nouvelle naissance», il est identique à la liberté dans l’ordre politique. Dans La Vie de l’esprit, cet initium, commencement «relatif», indique la ressemblance de l’homme à Dieu qui créa le ciel et la terre «au commencement» (in principio), principium représentant, lui, un commencement «absolu».