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Document Details :

Title: Historicité des forces du mal dans la R̥gvedasaṁhitā
Author(s): PIRART, É.
Journal: Journal Asiatique
Volume: 286    Issue: 2   Date: 1998   
Pages: 521-569
DOI: 10.2143/JA.286.2.556498

Abstract :
La R̥gvedasaṁhitā n'est pas aussi ancienne qu'on le dit. Les Perses, qui séparaient les Mèdes des Indiens et qui ont pu causer le déplacement de ces derniers d'Iran vers l'Inde, sont nommés. D'autre part, le contenu des hymnes suppose la renaissance du mouvement urbain en Inde, si bien que la date à retenir doit se situer après la première mention des Perses dans les documents assyriens et la réapparition des villes en Inde: le VIIIe siècle?
L'Avesta n'oppose pas dā̊nha- à airiia- comme la RS d́āsa- à ́ārya-, mais cite les deux peuples à côté de plusieurs autres tels que les Sarmates. Qui sont ces autres, les sāinu- et les ́xiiaona-? Autrement dit, l'Avesta nomme-t-il les Indiens ou futurs Indiens? Les Dâha iraniens ne sont plus des «impies», mais le démon Aji Dahâka conserve dans son nom ce sens que les hymnes védiques maintiennent pour ́dāsa-.
Les «impies» de la RS habitent des citadelles anonymes dans lesquelles on ne peut reconnaître les villes indusiennes ou des établissements dravidiens, puisque leurs rois (dásyu-, ásura-, prū́pati-) portent des noms indo-iraniens. Certains d'entre eux peuvent être des Iraniens plutôt que des Indiens, mais il est difficile de faire la part des choses entre le mythe et l'histoire. Le mythe peut aussi avoir dicté l'histoire: les Massagètes ont-ils reçu le nom de Derbices parce que le Vidēvdād, près de la mention du pays de Hérat qui leur était voisin, nomme une caractéristique de l'impiété qui a ce nom (driβika-) et qu'un démon védique personnifie (dr̥bhīka-)?
Certains personnages des hymnes sont tantôt des impies, tantôt de pieux personnages et l'impiété n'est jamais clairement et concrètement définie, si bien que, fort théorique, elle devait constituer une façon de taxer l'ennemi politique, «celui qui nous agresse et que nous voulons agresser».
Si l'impiété a pu être un jour le fait caractéristique d'un groupe humain organisé, ce ne peut être qu'à l'époque préhistorique, proto-indo-iranienne: le RS et l'Avesta s'accordent sur la condamnation de l'obédience au service de laquelle officient des prêtres tels que les Yātumant. Les deux corpus ne savent plus que l'impie a pu être l'autre composante du monde indo-iranien primitif, si c'était bien lui. Les possibles allusions que la RS ferait aux pratiques mazdéennes sont, quant à elles, trop rares et discutables.

The R̥gvedasaṁhitā is not as old as it is generally said to be. The Persians, whose territory separated the Medes from the Indians, and who may have driven the latter from Iran into India, are recorded in it. Moreover, the very contents of the hymns suggests that the urban movement in India had been revived. The most likely date seems therefore to be after the first mention of Persians in Assyrian documents and the reappearance of cities in India, about the VIIIth century B.C.
The Avesta does not oppose dā̊nha- to airiia-, as the RS does with d́āsa- and ́ārya-, but lists these two peoples alongside several others like the Sarmatians. Who were the other populations, the sāinu- and ́xiiaona-? In other words, does the Avesta cite the Indians or those that would latter be called Indians? The Iranian Dâhas are no longer “impious”, but the name of the demon Aji Dahâka still carries that particular meaning conveyed by the word dāsa- in the vedic hymns.
The “impious” in the RS inhabit anonymous citadels in which one cannot recognize the cities of the Indus or Dravidian settlements, as their kings (dásyu-, ásura-, ṕūrpati-) have Indo-Iranian names. Some of them may have been Iranians rather than Indians, but it is difficult to distinguish here between myth and history. The myth may have informed history: did the Massagetae come to be called Derbices because the Vidēvdād, alongside a reference to the neighbouring country of Herat, cites a characteristic of impiety that bears this name (driβika-) and that is personnified by a vedic demon (dr̥bhīka-)?
Some of the characters in the hymns are sometimes impious and sometimes pious, and impiety is never clearly or concretely defined, which suggests that, abstract as it was, it was used to characterize political ennemies generally, “he who attacks us, whom we attack”.
If impiety was ever characteristic of an organized population, this may have been possible only in the proto-indo-iranian, prehistoric era, both the RS and the Avesta agree in their condemnation of the religious persuasion to which priests like the Yātumant belonged. Both corpuses seem to have forgotten that the impious may have been the other part of the original Indo-Iranian world, if such was the case. On the other hand, possible hints at Mazdean practices in the RS are very rare and uncertain.

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