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Document Details : Title: La réflexivité à longue distance dans les propositions infinitives gotiques Author(s): KURZ, Guillaume Journal: Les Études Classiques Volume: 92 Issue: 1-4 Date: 2024 Pages: 25-49 DOI: 10.2143/LEC.92.1.3293849 Abstract : Cet article vise à étudier de manière approfondie le phénomène de réflexivité à longue distance en gotique. Alors qu’une définition simpliste du pronom réfléchi insisterait sur la coréférence entre deux actants d’un même verbe, la réflexivité à longue distance (ou indirecte) montre qu’un pronom réfléchi peut faire référence à un constituant situé dans une proposition différente. En grec, la coréférence entre des participants associés à deux procès différents s’exprime à l’aide du pronom non réfléchi; en gotique, cela n’est vrai que si le pronom ne se trouve pas dans une proposition subordonnée non finie; mais dans ce dernier cas c’est le pronom réfléchi qui est utilisé. À dix reprises dans la Bible gotique, le pronom réfléchi sik, placé dans une proposition subordonnée infinitive, renvoie à un participant situé dans son domaine étendu. La fonction de l’infinitive tout comme celle de sik varient fortement: le pronom – sujet, objet oblique, complément d’agent, ou modifieur du verbe – peut se situer aussi bien dans une proposition adverbiale, un accusatiuus cum infinitiuo, que dans tout autre complément verbal sans que son emploi comme réfléchi à longue distance soit entravé, et ce même si le texte grec contient le pronom non réfléchi αὐτόν. Le caractère systématique de cette traduction et les parallèles germaniques dénoncent l’importance de cette construction en gotique: Wulfila, traduisant pourtant la Bible le plus littéralement possible, ne peut s’affranchir de ce remarquable fait de syntaxe, étranger au grec. The aim of this paper is to take an in-depth look at the phenomenon of long-distance reflexivity in Gothic. While a simplistic definition of the reflexive pronoun would emphasise the co-reference between two actants of the same verb, long-distance (or indirect) reflexivity demonstrates that a reflexive pronoun may refer to a constituent located in a different proposition. In Greek, co-reference between participants of two different events is expressed using the non-reflexive pronoun; in Gothic, this is only true if the pronoun is not located in a non-finite subordinate clause; in the latter case the reflexive pronoun is used. On ten occasions in the Gothic Bible, the reflexive pronoun sik, when placed in an infinitive subordinate clause, points to a participant that is expressed in its extended domain. The function of the infinitive clause, as well as that of sik, varies greatly: the pronoun – subject, oblique object, passive agent, or verb modifier – can be located just as well in an adverbial clause, an accusatiuus cum infinitiuo, or in any other verbal complement without its use as long-distance reflexive being hindered, even if the Greek text contains the non-reflexive pronoun αὐτόν. The systematic nature of this translation and the Germanic parallels indicate the importance of this construction in Gothic: Wulfila, despite translating the Bible as literally as possible, cannot escape this remarkable syntactical fact that is foreign to Greek. |
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