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Document Details :

Title: Ni dieu ni maître, en fin de compte?
Subtitle: Lectures alternatives des motifs de «contrôle» du monde animal à la période nagadienne
Author(s): BRÉMONT, Axelle
Journal: Archéo-Nil
Volume: 33    Date: 2023   
Pages: 43-64
DOI: 10.2143/ANI.33.0.3292016

Abstract :
Le motif dit du «maître des animaux», bien qu’attesté seulement par une poignée d’occurrences pour la période prédynastique égyptienne, a été particulièrement commenté, à la lumière du paradigme de la victoire de l’Ordre (d’origine humaine) sur le Chaos (des ennemis mais aussi du monde naturel). Appliqué de façon systématique à notre lecture de l’iconographie animale, qu’elle soit prédynastique ou pleinement pharaonique, ce paradigme apparaît cependant surtout symptomatique de notre propre vision du monde. C’est ce que l’anthropologue Philippe Descola a nommé une ontologie «naturaliste»: une catégorisation binaire où les humains sont seuls possesseurs d’un raisonnement logique et d’une capacité de réflexion qui leur permet de contrôler la sauvagerie désorganisée du monde animal et les autorise à le dominer. Le scepticisme grandissant à l’égard de la pertinence de la distinction nature/culture chez les sociétés extra-occidentales, en anthropologie et dans les autres sciences sociales, nous invite alors à reconsidérer ce motif et à proposer des interprétations alternatives qui ne font pas nécessairement appel à une telle dichotomie.



The motif usually called 'Master of the Animals' – albeit only known from a handful of examples for the Egyptian Predynastic period – has received a lot of commentary, mostly within the paradigm of the victory of Order (i.e., of human origin) over Chaos (representing enemies but also the ‘natural’ world). When applied systematically to our understanding of animal iconography, be it Predynastic or fully pharaonic, this paradigm however appears mostly symptomatic of our own world vision. This is what anthropologist Philippe Descola has coined a ‘naturalistic’ ontology: the binary categorization of the world where humans are the sole possessors of logic reasoning and cognitive capacities which enable them to control the disorganized wilderness of the animal world and authorizes them to dominate it. Growing scepticism about the relevance of this nature/culture distinction amongst non-Western societies, in anthropology and in other social sciences, invites us to reconsider this motif and propose some alternative interpretations that do not necessarily rely on this conceptual dichotomy.

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