this issue
previous article in this issuenext article in this issue

Document Details :

Title: Sur le mythe des origines tardives de la lecture silencieuse (Antiquité et Moyen Âge)
Author(s): ARABYAN, Marc
Journal: Bulletin de la Société de Linguistique de Paris
Volume: 117    Issue: 1   Date: 2022   
Pages: 29-49
DOI: 10.2143/BSL.117.1.3291558

Abstract :
Une abondante littérature scientifique, notamment de langues anglaise et française, décrit la lecture muette ou silencieuse comme une invention des Temps modernes, acquise médiologiquement grâce à l’invention du codex pour les uns, des minuscules carolingiennes et/ou de l’imprimerie pour les autres, aux progrès de la mise en pages et/ou de la ponctuation textuelle pour d’autres encore – par conséquent étagée entre le IVe et le XVIIIe siècle. Cette imprécision doit alerter. Et en effet, dans cet article bâti sur des données sémiologiques, psycholinguistiques et paléographiques concernant l’histoire de l’écriture, du livre et de la lecture, on montre que la lecture silencieuse est aussi ancienne que l’écriture hiéroglyphique et cunéiforme d’abord, syllabique et alphabétique ensuite. Ainsi Platon raconte-t-il qu’enfant, il s’amusait à lire les inscriptions lapidaires de l’agora d’Athènes dans les flaques d’eau après la pluie, c’est-à-dire à l’envers. Plusieurs autres témoignages d’habileté lecturale antique et médiévale montrent que ce qui a toujours fait problème est la lecture à haute voix, qui relève de l’art du comédien et non de la pratique de tout un chacun.



An abundant scientific literature, notably in English and French, describes silent reading as an invention of Modern Times, acquired mediologically thanks to the invention of the codex for some, to Carolingian minuscules for others, to progress in page layout and/or textual punctuation and/or printing for still others — consequently staggered between the 4th and 18th centuries. This imprecision must alert. And indeed, in this article, mainly built on semiological, psycholinguistic and paleographic data concerning the history of writing, books and reading, we show that silent reading is as old as hieroglyphic and cuneiform writing at first, then syllabic and alphabetic. For example, Plato tells us that as a child, he amused himself by reading the lapidary inscriptions of the Athens agora in the puddles after the rain, that is to say backwards. Several other accounts of ancient and medieval reading habilities show that what has always been a problem is reading aloud, which is the art of the actor and not the practice of everyone.

Download article