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Document Details :

Title: Ulysse et l'Hadès brumeux
Subtitle: Catabase et anabase dans l'Odyssée
Author(s): BEAULIEU, Marie-Claire
Journal: Les Études Classiques
Volume: 83    Issue: 1-4   Date: 2015   
Pages: 101-115
DOI: 10.2143/LEC.83.1.3290570

Abstract :
Dans l’Odyssée, la navigation d’Ulysse correspond à un passage dans le monde invisible, c’est-à-dire le domaine des dieux et de la mort. Le poème signale ce passage en insistant sur le caractère brumeux des endroits visités par Ulysse. C’est ainsi qu’Ulysse s’entretient avec les morts dans l’Hadès brumeux (Od., XI, 57), échappe au péril de Scylla dans son antre brumeux (XII, 80), pour enfin revenir à Ithaque, terre connue aussi bien de «ceux qui vivent du côté de l’aube et du soleil que de ceux qui vivent du côté de l’ouest brumeux» (XIII, 240-241). Aussi longtemps qu’il n’a pas révélé sa réelle identité, Ulysse demeure invisible. Avant de se déguiser en mendiant, il est revêtu de brume par Athéna (XIII, 189-190) et il cache son trésor dans la grotte brumeuse des Nymphes (XIII, 347-366), qui possède une porte pour les mortels et une pour les immortels (XIII, 103-112). C’est que la brume, un mélange intangible d’air et d’eau associé autant à la mer (Il., XXIII, 744) qu’au Tartare (Il., VIII, 13) et aux fantômes (Les Travaux et les Jours, 125), sert de barrière perméable entre le monde physique et le monde spirituel. En prenant la mer, Ulysse entre dans l’au-delà et en parcourt les plus extrêmes confins, l’Océan. Il en revient en rentrant dans le port d’Ithaque, qui est sacré à Phorcys, le Vieux de la Mer (Od., XIII, 96), un dieu qui symbolise la science divine qui réside hors des frontières du domaine mortel et dont Ulysse a pu avoir un aperçu dans ses voyages.



In the Odyssey, Odysseus’ navigation is presented as a passage into the invisible world of the gods and the dead. The Odyssey highlights this journey across worlds by using the image of a dense fog which covers the different locations visited by Odysseus. Indeed, the hero talks with the dead in foggy Hades (Od., XI, 57), escapes the foggy cave of Scylla (XII, 80), and finally returns to Ithaca, a place known 'by those who live on the side of the dawn and the sun as well as those who live in the foggy West' (XIII, 240-241). As long as he has not revealed his true identity, Odysseus remains invisible. Before taking on the appearance of a beggar, he is covered with fog by Athena (XIII, 189-190) and he hides his treasure in the foggy cave of the Nymphs (XIII, 347-366), which has one door for mortals and one for immortals (XIII, 103-112). Fog is an intangible mix of air and water which is associated with the sea (Il., XXIII, 744), Tartarus (Il., VIII, 13), and ghosts (W&D, 125). In this way, fog is a permeable barrier between the physical and the spiritual world. When he sets sail, Odysseus enters the Afterlife and navigates on its outermost limits, namely the Ocean. Odysseus then returns by entering the harbor of Ithaca, which is dedicated to Phorcys, the Old Man of the Sea (Od., XIII, 96). This god represents the divine knowledge which resides beyond the mortal world and which Odysseus has glimpsed in the course of his travels.

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