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Document Details :

Title: Les guides au service des porteurs de dépêches et des voyageurs européens dans le désert de Syrie (XVIIIe-XIXe siècles)
Author(s): MARAL, Clément
Journal: Turcica
Volume: 50    Date: 2019   
Pages: 227-283
DOI: 10.2143/TURC.50.0.3286576

Abstract :
Au XVIIIe siècle, les guides de voyage du désert de Syrie, qui dès la conquête ottomane de la région avaient été sollicités par les voyageurs européens de passage dans l’Empire, continuent d’exercer leur métier d’accompagnateur, mais aussi de courrier, dont le quotidien n’a pas beaucoup évolué depuis le siècle passé. Les contrats écrits entre voyageurs et accompagnateurs continuent d’être le meilleur moyen d’assurer la traversée rapide et sûre de ces territoires. Alors qu’au XVIIe siècle, les missionnaires chrétiens de Bagdad et Bassora étaient les principaux intermédiaires des Européens pour obtenir ces passeurs, à partir des années 1740, ce sont désormais les agents des compagnies de commerce européennes, françaises et anglaises en particulier, et les représentants diplomatiques, plus qu’auparavant, qui se chargent, parfois avec l’aide des autorités ottomanes, d’organiser un tel voyage. En outre, il est dorénavant possible pour les Occidentaux, comme pour les négociants ottomans, de voyager promptement par la voie des relais de postes de l’Empire, en compagnie d’un courrier (ulaḳ) en mission, de Bagdad à Alep, voire Istanbul. Le métier de courrier, et guide à l’occasion, n’évolue réellement qu’à la suite de l’introduction vers 1860 du télégraphe en Syrie, puis en Irak, réduisant aussitôt les temps de communication entre l’Inde et l’Europe, qui, contraints par le recours à ces messagers, n’avaient pas évolué. L’arrivée des engins motorisés, capables au début du XXe siècle de rouler sur les pistes centenaires des courriers du désert, transforma les conditions de voyage qui se perpétuaient depuis quatre siècles dans l’Empire ottoman.



During the 18th century, the private travel guides of the Desert of Syria whose services had been requested by European travellers passing through the Empire as far back as the Ottoman conquest of the region continued to work as guides and couriers in the same way. The written agreements were the best way to guaranty speed and safety while crossing this territory. Christian missionaries in Baghdad or in Basra, who were the main intermediaries to provide guides to western travellers in the 17th century, were partly replaced from the 1740s onwards by agents of European commercial companies, particularly French and English, and consuls who took care more often than before of the organization of such trips, with the occasional help of the Ottoman administration. Furthermore, it became possible for Europeans and Ottoman merchants to benefit from the postal network services during their travels in the company of an Ottoman courier going from Baghdad to Aleppo or even Istanbul. The profession of courier, and guide from time to time, did not change significantly before the introduction around 1860 of the telegraph in Syria and then in Iraq. The telegraph immediately reduced the time that took communications between India and Europe, which had remained unchanged due to the dependence on those messengers. Besides, in the early 20th century the arrival of motorized vehicles capable of going along the desert couriers’ centuries-old tracks transformed conditions of travel that had been maintained for four centuries in the Ottoman Empire.

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