previous article in this issue | next article in this issue |
Preview first page |
Document Details : Title: Lire entre les tombes Subtitle: Une grande famille de morts, les Halil Hamid Pacha-zâde (1785-1918) Author(s): BOUQUET, Olivier Journal: Turcica Volume: 43 Date: 2011 Pages: 483-540 DOI: 10.2143/TURC.43.0.2174078 Abstract : Cet article présente les résultats d’un inventaire effectué au sein d’un enclos familial du cimetière de Karacaahmet, situé sur la rive asiatique d’Istanbul. Il propose la présentation détaillée (avec translittération, traduction, commentaires biographiques et précisions bibliographiques) de 40 stèles de parents, apparentés, clients et esclaves du grand vizir Halil Hamid Pacha (1736-1785), inhumés entre 1785 et 1918. L’analyse calligraphique, stylistique et esthétique des stèles vise à faire ressortir les traits marquants d’une culture funéraire ottomane mise en lumière par les travaux des épigraphistes au cours du dernier demi-siècle. Le croisement des données recueillies à partir du texte des épitaphes et des documents d’archives administratives (notices biographiques) ou familiales (généalogies et documents de vakıf principalement) permet de saisir les enjeux de l’occupation progressive de l’enclos et de l’agencement des tombes. Il révèle les caractères particuliers d’un cimetière de famille, d’un espace de l’entre-soi dessiné, au fil de six générations, par les vivants pour leurs défunts. «Lire entre les tombes», c’est aborder chaque stèle funéraire moins comme un élément autobiographique individuel, que comme le lieu d’expression d’une parentèle, comme une pièce qui répond à une autre pièce d’un portrait familial d’ensemble; c’est montrer que ce qui se joue dans ce cimetière, autour du fondateur éponyme, est le prolongement du lignage opéré par son fils, le kazasker Mehmed Arif Bey, adossé à la référence paternelle, mais devenu référence, à son tour, d’une famille de hauts dignitaires religieux, civils et militaires; c’est proposer, autour d’un panthéon familial entretenu pendant un siècle et demi, un essai d’histoire sociale croisée des morts et des vivants. This article highlights the results of an inventory carried out in a family plot, in the Karacaahmet cemetery, on Istanbul’s Asian side. It provides a detailed review (with transliteration, translation, biographical commentaries and bibliographical references) of 40 steles hosting kin, relatives, clients and slaves of the grand vizier Halil Hamid Pasha (1736-1785), buried between 1785 and 1918. Calligraphic, stylistic and esthetic analysis of steles aims at bringing to light outstanding features of an Ottoman funerary culture revealed by epigraphists during the last half-century. Crosschecking of data from epitaph texts and state (biographical notes) and family-archive documents (mainly genealogies and vakıf documents) allows to understand the question of the plot’s progressive occupation and grave organization in the space. It discloses the specific character of a family cemetery, of a 'closed' space designed, during six generations, by the living for their defuncts. «Reading between the graves» means approaching each funerary stele as a place of expression for the dead’s kin, one of the pieces of a family portrait, rather than as an autobiographical element; it means showing that this cemetery hosts, around the eponymous founder, the continuation of a lineage, operated by his son, the kazasker Mehmed Arif Bey, who although leaning against the paternal reference, became at his turn a reference of a high religious, civil and military dignitaries family; it means providing, on the basis of a family pantheon preserved during one and a half centuries, a joint social history essay for the dead and the living. |
|