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Title: De l'élémentaire en philosophie
Author(s): MONTENOT, Jean
Journal: Revue Philosophique de Louvain
Volume: 106    Issue: 1   Date: février 2008   
Pages: 77-89
DOI: 10.2143/RPL.106.1.2025316

Abstract :
Il semble aller de soi que tout enseignement d’une discipline se doit de commencer par ses rudiments les plus simples et les plus élémentaires. Toutefois, déterminer l’élémentaire d’une discipline en général, et de la philosophie en particulier, ne va aucunement de soi. L’objet de l’article consiste à montrer que, de ce point de vue, la philosophie n’est peut-être pas dans une position aussi exceptionnelle qu’on pourrait le croire à première vue. En rappelant que les mathématiciens grecs ont eu à se poser ce genre de questions pour l’arithmétique et la géométrie — qui sont pourtant, par excellence, des disciplines d’apprentissage — et en réfléchissant sur les implications philologiques et conceptuelles de la notion de stoicheion, on s’est efforcé de montrer que cette question de l’élémentaire n’est pas propre à l’enseignement philosophique et qu’elle ne saurait pas se réduire à ses enjeux ou ses présupposés idéologiques. Les professeurs de philosophie ne doivent donc pas se formaliser du caractère nécessairement complexe et difficile des questions fondamentales. Il est en outre non seulement possible, mais à bien des égards, nécessaire, de commencer l’enseignement élémentaire par des questions fort difficiles et fort complexes, plutôt que laisser croire en l’existence d’un quelconque b. a.–ba. en philosophie: la réflexion philosophique ne commence vraiment qu’au contact de ce genre de questions, qui ont, par ailleurs, la vertu d’éveiller la curiosité des débutants.



It seems obvious that all teaching of a discipline should start with the most simple and elementary rudiments. However, determining what is elementary in a discipline in general and in philosophy, in particular, is not at all obvious. The aim of the article is to show that, from this point of view, philosophy is perhaps not in such an exceptional position as might be believed at first sight. By recalling that the Greek mathematicians had to ask themselves this kind of question for arithmetic and geometry — which are nonetheless outstanding learning disciplines — and by reflecting on the philological and conceptual implications of the notion of stoicheion, an attempt has been made to show that this question of the elementary is not proper to philosophical teaching and that it cannot be reduced to its ideological implications or presuppositions. Professors of philosophy, therefore, should not take offence at the necessarily complex and difficult character of fundamental questions. Furthermore, it is not only possible, but in many respects necessary to start elementary teaching with very difficult and very complex questions, rather than have one’s listeners believe in something like an a-b-c in philosophy: philosophical reflection only really starts by means of contact with this kind of question, which have besides the merit of rousing the curiosity of beginners.

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