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Title: Le paradoxe de la 'face de dieu'
Subtitle: 'Azîz-e Nasafî (VIIe/XIIIe siècle) et le 'monisme ésotérique' de l'Islam
Author(s): LANDOLT, Herrmann
Journal: Studia Iranica
Volume: 25    Issue: 2   Date: 1996   
Pages: 163-192
DOI: 10.2143/SI.25.2.2003957

Abstract :
Tout en se réclamant de l'enseignement ésotérique du Shaykh soufi Sa'oddîn-e Ḥamûya, Nasafî fait preuve d'une remarquable indépendance spirituelle en refusant toutes les 'orthodoxies', qu'elles soient théologiques, philosophiques ou soufies. Il n'est ni 'kobravî' ni 'akbarien'. Son ouverture d'esprit et surtout sa sympathie pour certaines doctrines indiennes le situent à l'opposé de la politique 'islamique' adoptée par les maîtres kobravîs sous l'emprise des Mongols. Sa critique de la théologie du disciple principal d'Ibn 'Arabî, Ṣadroddîn-e Qûnyawî, signale une tendance shî'ite, laquelle se manifeste également par ailleurs chez Nasafî, sans pour autant l'identifier comme appartenant à un groupe shî'ite particulier. Il s'agit plutôt d'une affinité profonde de sa pensée avec un certain dynamisme shî'ite. Une telle affinité se dégage notamment de l'analyse de sa propre 'phénoménologie' des deux courants 'monistes' qu'il distingue comme étant celui des 'gens du Feu' et celui des 'gens de la Lumière' (et qu'il ne faut pas confondre, malgré certaines ressemblances, avec les deux 'écoles' parmi les soufis 'récents' relevées par les historiens du XIVe siècle). En effet si les 'gens du Feu' ne font que tirer la conclusion radicale du tawḥîd soufi en insistant sur la seule et unique réalité de l'Essence divine pour remettre en question l'existence même du monde, les 'gens de la Lumière' au contraire remettent en question l'idée même d'une essence divine immuable pour se tourner radicalement vers le 'Face de Dieu', c'est-à-dire l'Existence d'un monde en perpétuelle éclosion depuis la 'Nuit du Destin' jusqu'au 'Jour de la Résurrection'.



While presenting himself as a follower of the esoteric teachings of the Sufi Shaykh Sa'doddîn-e Ḥamûya, Nasafî shows a remarkable degree of spiritual independence by refusing to conform to any kind of 'orthodoxy', whether theological, philosophical or Sufi. He is neither a 'Kobravî' nor an 'Akbarian'. His spiritual openness and especially his sympathy for certain Indian doctrines place him at the opposite end of the 'Islamic' policies adopted by the Kobravî masters under the Mongol impact. His critique of the theology of Ibn 'Arabî's foremost disciple, Ṣadroddîn-e Qûnyawî, indicates a Shî'ite tendency, which is also quite obvious in other instances, although it does not identify Nasafî as a member of any particular Shî'ite group. One should rather speak of a profound affinity of his thought with a certain Shî'ite dynamism. Such an affinity emerges notably from an analysis of his own 'phenomenology' of the two 'monist' trends which he distinguishes as being those of the 'people of Fire' and the 'people of Light', respectively (trends which should not be confused, despite certain similarities, with the two 'schools' among the 'recent' Sufis as described by 14th century historians). Whereas the 'people od Fire' draw only the radical conclusion from Sufi tawḥîd by insisting on the sole and unique reality of the divine Essence, thereby calling the very existence of the world into question, the 'people of Light' on the contrary question the very idea of an immuatable divine essence, turning instead radically to the 'Face of God', i.e. the Existence of a world unfolding perpetually, from the 'Night of Destiny' to the 'Day of Resurrection'.

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