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Document Details :

Title: Opgaen en nedergaen in het werk van Jan van Ruusbroec (aflevering III)
Author(s): MOMMAERS, Paul
Journal: Ons Geestelijk Erf
Volume: 70    Issue: 3   Date: september 1996   
Pages: 216-239
DOI: 10.2143/OGE.70.3.2003405

Abstract :
Dans ce troisième article d’une série qui en comprendra quatre nous continuons l’étude du thème de la montée/descente (opgaen/nedergaen) dans l’oeuvre de Jean Ruusbroec.
(Voir Ons Geestelijk Erf 69 (1995), p. 97-113 et 193-215). Jusqu’à ce point on a vu principalement comment ces deux mouvements s’opposent: ils sont et restent contrarie. Ce qui ne veut pas dire qu’il s’agit ici de moments successifs ou d’éléments juxtaposés. Non, ils sont “toujours non-séparés” (altoesongesceden). Montée et descente s’emboîtent, à telle enseigne qu’elles se stimulent et s’intensifient mutuellement. L’expérience évoquée par Ruusbroec apparaît donc comme un phénomène complexe qui est constitué par des aspects différents mais unis de façon organique. Il nous faut essayer maintenant d’éclaircir ce paradoxe qui trouve son expression dans des phrases du genre “descendre et monter sont d’égale noblesse” (nedergaen endeopgaen es gelijc in edelheiden).
Mais comment faire pour rassembler les motifs les plus importants du thème de la montée/descente et en faire apparaître la pointe? On a déjà pu constater que les passages qui entrent en ligne de compte sont aussi nombreux que variés et on ne tient ni à les remâcher ni à jouer au puzzle synthétisant. Il nous a paru que c’est Ruusbroec lui-même qui ici indique le fil conducteur approprié. Au cours de cette recherche il a été question fréquemment des vertus. Dès le tout premier passage que nous avons analysé (Opera Omnia, vol. 3, a339-72) il est apparu que la pratique des vertus fait partie intégrante de la montée. L’homme qui par le désir (begherte) monte vers Dieu va nécessairement s’évertuer à le “louer” et à “acquérir les vertus” (doghede tevercrighene). Il ne cessera de le “louer par des mots et par des oeuvres” (loven met woorden ende met wercken) (Opera Omnia, vol. 3, b344).
On a donc, dans ce troisième article, considéré comment selon Ruusbroec l’homme qui est entré en contact avec Dieu s’acquitte de la tâche d’“acquérir les vertus”. Ce qui nous a conduit par quatre étapes, indiquées par des expressions significatives de l’auteur même: “pratiquer toutes les vertus” / “endurer toute chose” (alle dogede wercken/ alle dinc doghen); “le fond des vertus” (die gront der duechde); “l’humilité... fond sans fond de toutes les vertus” (nederheit... bodem sonder grond van allen dooghden); “dans la hauteur, où les vertus commencent” (in die hoocheit, daer die dogede beginnen). En substance, l’analyse des passages qui rentrent dans les trois premières catégories nous apprend deux choses. D’une part, il se manifeste une prépondérance assez nette de la descente qui, pour autant, n’élimine pas la montée.
D’autre part, on constate qu’à plusieurs reprises les mêmes termes indiquent aussi bien le résultat du mouvement ascendant que du mouvement descendant; c’est le cas de ledich qui signifie l’oisivité / vacuité intérieure. Ce dernier point nous amène à reconnaître que la préférence donnée à la descente n’empêchera pas la montée de lui être d’une certaine façon équivalente. C’est ce qui ressort de la quatrième série de textes où l’on voit, non sans étonnement, que les vertus qui semblaient s’originer en bas, dans le gront, commencent aussi en haut, in die hoocheit.
Décidément, le thème de la montée/descente dessine pas mal de méandres, mais le moment où l’on verra comment les deux mouvements opposés sont “d’égale noblesse” se rapproche visiblement.


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