this issue
previous article in this issuenext article in this issue

Document Details :

Title: La chronographie hébraïque des croisades. Mémoire et rédaction des témoignages
Author(s): GRABOÏS, Aryeh
Journal: Revue des Études Juives
Volume: 159    Issue: 1-2   Date: janvier-juin 2000   
Pages: 79-98
DOI: 10.2143/REJ.159.1.151

Abstract :
Les persécutions subies par les juifs européens en 1096, pendant le passage des participants à la croisade populaire dans les villes lotharingiennes, rhénanes et danubiennes ont laissé de profonds souvenirs parmi les rescapés de ces massacres. La mémoire donna lieu à la consignation des noms de victimes dans les rouleaux de mémorial préservés dans les synagogues, auxquel on ajouta des notices concernant les circonstances de leur mort, qu’ils aient été massacrés par les croisés ou qu’ils aient commis le Kiddush hashem, en se suicidant et en causant la mort des membres de leurs familles, afin d’éviter la conversion forcée au christianisme. Ces témoignages s’accompagnaient de questions d’ordre moral telles que celle de savoir pourquoi Dieu avait permis que le «peuple élu» subît pareilles épreuves. La mémoire servit de source à la rédaction, autour de 1140, des chroniques concernant ces persécutions. Le processus d’édition des témoignages est marqué par la narration fidèle des actes de violence, de leurs circonstances, ainsi que par le récit des réactions. En outre, les chroniqueurs ont tenté d’expliquer le comportement des victimes et ont dressé un tableau de la conduite des éléments non juifs, tels que la hiérarchie ecclésiastique, les seigneurs des villes, les croisés et la population urbaine.

The persecutions of the European Jewry in 1096, during the passage of the popular Crusaders in the Lotharigian, Rhenan and Danubian cities deeply affected the survivors of these massacres. The memory led to the production of Memorial Rolls preserved in the synagogues, together with some notices recording the circumstances of their death, would they have been killed by the Crusaders or had they committed the Kiddush hashem, by suicide and killing their families, in order to avoid their forced conversion to the Christian faith. These testimonies were followed by moral question such as why did God allow such an ordeal to His Chosen People. Thus, memory was the source for the compilation of the chronicles about these persecutions by their authors, around 1140. The process of editing the testimonies was characterized by a genuine narration of the violence against the Jews, their circumstances, as well as by telling the victims’ reactions. Moreover, the chroniclers explained the victims’ behaviour and they analyzed the behaviour of non-Jewish elements, such as the Church hierarchy, the lords of the cities, the Crusaders and the urban population.


Download article