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Document Details : Title: De l'aspiration à l'amour Subtitle: L'éducation soufie chez 'Umar Suhrawardî et 'Izz al-dîn Kâshâni Author(s): BALLANFAT, P. Journal: Journal Asiatique Volume: 285 Issue: 2 Date: 1997 Pages: 325-361 DOI: 10.2143/JA.285.2.556513 Abstract : Dans le processus d’institutionnalisation du soufisme, la relation maître-disciple est une question centrale, car elle constitue l’axe autour duquel toutes les autres questions se rassemblent. La Suhrawardiyya est l’un des premiers ordres et des plus importants qui s’est largement répandu dans le monde musulman. L’un des traités de son fondateur, le ‘Awârif al-ma‘ârif, a même été utilisé par d’autres ordres que le sien et constitue l’un des manuels de soufisme les plus importants. Ce manuel constitue avec sa traduction persane commentée et transformée par ‘Izz al-dîn Kâshânî, un suhrawardien formé par le fils d’un disciple de Rûzbihân Baqlî, une référence privilégiée pour l’étude de cette question. La genèse du rapport entre le maître et le disciple se situe dans l’aspiration et se réalise d’abord de manière formelle, car l’aspiration ne peut être distinguée de sa réalisation. Elle instaure la vérité du rapport à Dieu et définit la coupure nécessaire entre le maître, représentant et dépositaire de l’autorité divine et le disciple qui ne peut être que dans l’accomplissement de son aspiration. De ce point de vue l’aspirant ne peut atteindre son but que par une puissance interne dont il recèle la possibilité. La nécessité pour le soufisme que l’aspirant dépende d’un maître vient de ce qu’il est d’abord en tant que pure disponibilité offerte à toute forme, ensuite comme lieu où l’aspiration s’accomplit comme division entre murîd et murâd. L’aspirant est ainsi à la fois enfanté et enfanteur de sa propre condition, soit enfant et féminin par rapport au maître. Le fondement de l’aspiration et de cette relation duelle est l’amour divin qui donne lieu à la distinction suhrawardienne de quatre types de mystiques dont le sommet est le majdhûb-i sâlik. Kâshânî amplifie la vision de Suhrawardî en montrant que le majdhûb-i sâlik est le seul à réaliser le sens vrai de l’amour car il est devenu l’aimé, c’est à dire le but d’aspiration de Dieu. Il est le seul à pouvoir être vraiment maître en tant que vecteur de l’amour divin vers les disciples à l’instar du Prophète dont il est, par conséquent, l’héritier. Il est alors investi de cette autorité qui soumet le disciple à la règle de la bonne éducation par laquelle le maître transmute l’aspiration en amour divin. Le disciple doit ainsi être totalement soumis au maître, et ces auteurs s’attachent à définir rigoureusement les règles qui régissent leurs rapports mutuels. Le maître, investi du discours émanant de Dieu représente le Prophète, énonciateur, dans sa réalité effective, de telle sorte que le soufisme, par ce biais, s’attribue l’exclusivité de la réalité de l’islam. In the process of institutionalization of Sufism, the nature of the link between master and disciple is a major question, because it is the axis on which focus all the other questions. The Suhrawardiyya is one of the first and most proeminent mystical order which also was widespread in all the muslim world. One of the treatises of its founder, the ‘Awârif al-ma‘ârif, was also used by several mystical orders and constitutes one of the major references in Sufism. This treatise, with its persian translation and own commentary by ‘Izz al-dîn al-Kâshânî, a Suhrawardî master educated by the son of a disciple of Rûzbihân Baqlî, is a major reference in order to study this question. The formation of the relationship between the master and his disciple takes place in the aspiration and is realized firstly in a formal way, because aspiration can’t be separed from its realization. It makes the truth of the relationship to God and defines the necessary distinction between the master, representative and trustee of divine authority, and the disciple who can’t be but in the realization of his aspiration. From this point of view, the aspirant can’t manage to reach his aim unless he owns an internal power. In Sufism, the necessity that the aspirant relies on a master comes from the fact that he is first of all as a pure disponibility offering itself to all sort of form, then as the place where the aspiration accomplishes itself as the division between murîd and murâd. Thus, the aspirant is at the same time produced and the producer of his own reality, which means child and female towards the spiritual master. The basis of aspiration and of this dual relationship is divine love which produces Suhrawardî’s definition of four types of mystics at the top of which we find the majdhûb-i sâlik. Kâshânî amplifies Suhrawardî’s vision when he shows that no one but the majdhûb-i sâlik can realize the real meaning of divine love, because he has become the beloved, which means the aim of God’s aspiration. Only he can really be a spiritual master, being the medium which brings divine love to his disciples, just as the Prophet of whom he is the heir. He is then vested with this authority which submits the disciple to the rule of good education by which the master transmutes aspiration to divine love. Thus, the disciple must be totally obedient to his master, and these authors strictly define the rules which govern their mutual relationship. The master vested with the divine speech represents thus the Prophet, in his true reality so that Sufism, by this way, claims to be alone the exclusive representative of Islam. |
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