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Document Details : Title: Traduire la poésie populaire et mystique turque Subtitle: Difficultés et enjeux Author(s): PINGUET, C. Journal: Journal Asiatique Volume: 286 Issue: 2 Date: 1998 Pages: 389-408 DOI: 10.2143/JA.286.2.556495 Abstract : Le traducteur de poèmes populaires et mystiques turcs est contraint à un travail préliminaire et pluridisciplinaire. Il lui faut aborder l'historique de cette littérature qui se poursuit jusqu'à nos jours, étudier ses principaux représentants, les achiks, qui par leurs règles et genres particuliers ont constitué un courant parallèle à la littérature «savante» et «classique». La tradition alévie-bektachie, qui constitue pour cette littérature dite «populaire» le plus important courant mystique, oblige à des recherches sur l'Alévisme et l'ordre bektachi. Le syncrétisme religieux qui caractérise ces deux groupes, leur rôle social et politique au fil des siècles, leurs doctrines philosophiques et religieuses sont autant de questions incontournables qui imprègnent leurs poèmes et leurs chants. Pour exposer certaines difficultés que posent la traduction de ces poèmes, notre choix s'est porté sur Kaygusuz Abdal, un illustre poète-derviche de la fin du XIVe, début XVe siècle. Le poème sélectionné est un tekerleme, un genre particulier qui, avec Kaygusuz Abdal, offre l'avantage de mêler au vocabulaire populaire des termes mystiquement connotés. Les quatre grandes difficultés rencontrées au cours de la traduction sont les suivantes: d'une part, les mots qui n'ont pas d'équivalent en français et qui obligent à recourir à l'emprunt. D'autre part, les expressions culturellement connotées qui appellent des explications et sont difficilement traduisibles. Parallèlement, les termes qui trouvent immédiatement leur équivalent en français mais qui, faussement transparents, cachent un implicite pour qui la signification échappe aux lecteurs étrangers. Pour finir, le traducteur se heurte à des archaïsmes, à de vieilles expressions idiomatiques qui, dans certains cas, restent au stade d'énigme. Face à ces difficultés, il est nécessaire de préciser les enjeux d'une traduction, d'inscrire celle-ci dans une visée éthique et une réflexion sur l'altérité. La traduction préconisée est une «traduction-dévoilement». Elle consiste à la ré-écriture de ces poèmes dans toute leur étrangeté. Elle s'attache à développer connaissances et expériences aux côtés de cette autre culture. In order to translate the Turkish popular and mystic poetry it is inevitable to carry out a multidisciplinary work. The work in turn consists of examining the history of the folk literature throughout its principal representatives, the ashiks, who by their authentic rules and manner of expression have established an alternative literary style to the elite and classical turkish literature, called Divan Poetry. The alevi-bektashi tradition which is the core mystic constituent of this folk literature requires that the researchers study the Alevism and the Bektashi order. The religious syncretisism which characterizes these two groups, their social and political roles throughout the years their philosophical and religious doctrins are inexhaustible topics illustrated by their poetry and music. The work of Kaygusuz Abdal, an outstanding poet-dervish of late XIV, and early XVth century is selected in this article to expose the difficulties one can encounter while translating the turkish folk literature. The selected corpus is a tekerleme, a typical form which thanks to Kaygusuz Abdal, provides an opportunity to infuse the folk vocabulary with mystically connotated terms. The four essential difficulties encountered during the process of translation are as follows: — Words with no equivalent in French necessitating the use of a term borrowed from Turkish — expressions which are culturally connotated thus requiring explications and which are highly difficult to translate — terms which have equivalents in French but with different connotations, thus which could be misleading for foreign readers — the final difficulty stems from the archaism, the old idiomatic expressions which are predestined to be enigmatic and aphoristic in certain instances. Having defined the difficulties, it is necessary to define the scope of a translation to dissertate it in conformity with an ethical objective and a reflection on changeability. Thus, the type of translation preferred in this field is a translation aiming at illuminating the enigmatic aspects of the corpus. It consists of rewriting the poems in their full authenticity and remoteness. Its main objective is providing the accumulation of knowledge and experience about this culture. |
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