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Document Details : Title: Savoir et mort chez F. Rosenzweig Author(s): ROBBERECHTS, Edouard Journal: Revue Philosophique de Louvain Volume: 90 Issue: 2 Date: Mai 1992 Pages: 180-191 DOI: 10.2143/RPL.90.2.556171 Abstract : Pour Rosenzweig, une certaine forme de savoir, caracterisée par un oubli de la temporalité et par une oblitération de la concrétude multiple du langage, aurait partie liée à ce qu'on pourrait appeler la tendance suicidaire de l'Occident. Sous les apparences d'une recherche d'harmonie logique globalisante et sans tache, se cacherait un rejet de responsabilité, une fuite devant la vie et l'angoisse devant la mort qui la traverse, angoisse qui inscrirait précisément dans le nexus même de la vie l'occasion par excellence d'ouverture aux multiples visages de l'altérité et à leurs exigences infinies. Le penseur ou le scientifique, voulant esquiver cette confrontation exigeante avec l'angoisse devant la mort et avec l'altérité qu'elle annonce, chercherait à se rasséréner à peu de frais en essayant dès à présent d'accorder sa pensée à un principe de raison supérieur et constituant par rapport à toute factualité contingente et mortelle. Mais une telle subsomption du particulier et du mortel sous les accords harmonieux d'une logique omnipotente revient en fait à tenter de normaliser la mort, à en faire une étape nécessaire dans la dynamique de l'histoire et de l'être, et ainsi à justifier par la bande tous les charniers malencontreux qu'une telle logique pourrait venir à exiger pour son développement plénier. Ce qui est loin d'être encore supportable en notre siècle... For Rosenzweig a certain type of knowledge, characterized by forgetfulness of temporality and by an obliteration of the multiple concreteness of language, is closely connected with what one could call the suicidal tendency in the West. Under the appearance of a search of logical harmony, both globalising and spotless, it is held that there is a rejection of responsibility, a running away from life and the fear of death which traverses it, a far that is held to inscribe precisely in the very nexus of life the perfect opportunity of opening up to the numerous faces of otherness and their infinite demands. A thinker or scientist, wishing to avoid this demanding confrontation with the fear of death and wish the otherness which it heralds, might seek to restore his equanimity cheaply by attempting henceforth to harmonisehis thought with a higher and fundamental principle of reason in comparison with any contingent and mortal factuality. But to subsume in this way the particular and the mortal under harmonious agreements of an omnipotent logic amounts in fact to attempting to render death normal, to turn it necessary step in the dynamism of history and of being, and in this way to justify deviously all unfortunate massacres which a logic of this type could require for its complete development. This has needless to say long ceased to be acceptable in the present era. |
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