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Document Details : Title: Les débuts du monothéïsme en Arabie du sud Author(s): GAJDA, I. Journal: Journal Asiatique Volume: 290 Issue: 2 Date: 2002 Pages: 611-630 DOI: 10.2143/JA.290.2.504302 Abstract : Dans la deuxième moitié du IVe siècle de l'ère chrétienne, l'Arabie du Sud bascule du polythéisme au monothéisme. Brusquement, les cultes polythéistes s’interrompent, les temples sont abandonnés, les divinités ancestrales ne reçoivent plus d’offrandes et cessent d’être invoquées. Les inscriptions royales affichent désormais un monothéisme «neutre» alors que les inscriptions privées sont souvent juives. Dans quelles circonstances intervient cette conversion soudaine des souverains — suivis par la population ou au moins par les couches supérieures de la société — et quelles en sont les raisons? Le passage du polythéisme au monothéisme est-il une évolution nécessaire ou reflète-t-il, ce qui semble plus probable, un choix non seulement religieux, mais aussi politique? Le royaume Ḥimyarite, ayant réussi depuis peu l'unification de l'Arabie du Sud, doit consolider ses assises, dans une société morcelée et en crise. L'idée d'un Dieu unique s'y prête bien. D'une part, elle établit un contact direct entre Dieu et chaque individu sans la médiation de la tribu, d'autre part, elle peut légitimer un pouvoir central fort. Dans le monde extérieur, le christianisme, devenu la religion officielle de l’Empire romain, se propage chez les voisins de Ḥimyar. Vers 340, l'Éthiopie se convertit au christianisme et passe dans la zone d'influence romaine. La Syrie se christianise vers la même époque. En Arabie occidentale (dans le Îijaz), en revanche, le judaïsme semble bien implanté. La conversion des souverains de l'Arabie du Sud a-t-elle également une dimension internationale? Les découvertes des dernières décennies, notamment en épigraphie, amènent à réexaminer ces questions, qui ne sont pas sans donner des clés pour comprendre la situation religieuse de l'Arabie occidentale à la veille de l'islam. In the second half of the fourth century A.D., religious practices in South Arabia shifted from polytheistic to monotheistic. The polytheistic cults suddenly ceased to exist, the temples were abandoned and the ancestral deities were no longer worshipped or invoked. Moreover, the nature of the monotheism depicted by royal inscriptions may be characterised as “neutral” monotheism while that of private inscriptions was often specifically Jewish. What were the circumstances of this sudden conversion of the rulers — followed by the population or at least by the upper society — and what were its reasons? Was the shift from polytheism to monotheism a necessary evolution, or does it reflect, as seems more probable, not only a religious transition but also a political decision? After successfully unifying South Arabia, the Îimyarite kingdom needed to consolidate its foundations within a society deeply divided and in crisis. The idea of a single God is appropriate for this purpose. On the one hand, direct contact between the one God and each individual, without the mediation of the tribe, is established; and on the other hand, this same monotheism gives legitimacy to a strong centralised power. Outside South Arabia, Christianity, having become the official religion of the Roman Empire, spread quickly among Ḥimyar’s neighbours. Around 340, Ethiopia converted to Christianity and entered the sphere of Roman influence. Syria became christian during this period as well. In Western Arabia (in the Ḥijaz), Judaism seems to have been well established. Did the conversion of the South Arabian rulers also have an international dimension? Discoveries during the last few decades, especially in epigraphy, have lead us to re-examine these questions, which may provide a key to our understanding of the religious situation in Western Arabia on the eve of Islam. |
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