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Title: De la sujétion française à la nationalité ottomane
Subtitle: Le statut des Algériens à l'époque d'Abdulhamid II (1876-1908)
Author(s): HARGAL, Salma
Journal: Turcica
Volume: 55    Date: 2024   
Pages: 163-201
DOI: 10.2143/TURC.55.0.3293739

Abstract :
Cet article porte sur le statut juridique des Algériens qui s’établissent dans les provinces de l’Empire ottoman à l’époque d’Abdulhamid II (1876-1908). Les Algériens qui avaient migré dans l’Empire ottoman après la conquête française d’Alger en 1830 pouvaient bénéficier d’une protection consulaire qui leur garantissait certains privilèges et les soustrayait à une partie de la juridiction ottomane. De leur côté, les Ottomans considéraient les Algériens comme des sujets du sultan. Cette double affiliation des Algériens a engendré des conflits qui atteignent leur paroxysme dans les années 1880. Ils s’atténuent considérablement à partir de la décennie suivante lorsqu’une majorité d’Algériens, fortement encouragée par la Porte, renonce à la protection consulaire française. Pour étudier ce processus, cette enquête procède en deux temps. Il s’agit d’abord d’observer les interactions quotidiennes des immigrés avec les administrations territoriales ottomanes et consulaires françaises. Sont ensuite comparés les raisonnements juridiques des Français, des Ottomans et des Algériens eux-mêmes. L’étude s’appuie sur de nombreuses archives françaises, mais aussi sur des sources en ottoman et en arabe qui ont été rarement interrogées jusqu’à présent. Il apparaît clairement que la volonté de considérer les nouveaux arrivants comme des Ottomans s’inscrit au coeur de la politique migratoire de l’Empire. Pour faire valoir la nationalité ottomane de ces Algériens, les juristes de la Porte s’appuient principalement sur des arguments tirés du droit français qui dissocie la citoyenneté de la nationalité.



This article focuses on the legal status of Algerian migrants living in the Ottoman Empire during Abdulhamid II’s reign (1876-1908). The Algerians who migrated after the French conquered Algiers in 1830 were potentially entitled to consular protection, which granted them privileges and partially exempted them from local jurisdiction. Meanwhile, local authorities considered them as Ottomans. Therefore, the Algerians’ double affiliation led to conflicts that reached their apex in the 1880s but diminished considerably in the following decade when the majority, strongly encouraged by the Porte, renounced French consular protection. The article’s approach to studying this dynamic is twofold. On the one hand, it observes the daily interactions between immigrants and the Ottoman and French territorial administrations. On the other hand, it compares the legal reasoning of the French, the Ottomans and the Algerians themselves. My study draws on a wide range of French archives as well as sources in ottoman Turkish and Arabic that have so far not been questioned. I argue that the identification of newcomers as Ottomans is the core of Istanbul’s migration policy. To make the consuls recognize the Algerian’s Ottoman nationality, the Porte’s legal experts relied on arguments drawn from French law that separates citizenship and nationality.

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