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Document Details : Title: The 'Modern Inventor of Utopia' and Venetian Jewish Political Thought Author(s): SYROS, Vasileios Journal: Revue des Études Juives Volume: 183 Issue: 1-2 Date: janvier-juin 2024 Pages: 219-240 DOI: 10.2143/REJ.183.1.3293246 Abstract : Venice evolved into one of the epicenters of utopian reflection in early modern Europe – largely thanks to the very proliferation of utopian schemes inspired by Thomas More’s Utopia. It is the intention of this article to revisit the Venetian contribution to the development of utopian thought by drawing attention to lesser-known or underappreciated authors who blended elements of diverse utopian theories to analyze contemporary political developments. The focus of this article will be on a major intellectual figure of the Venetian Jewish community, Simone Luzzatto (c. 1580-1663). My goal is to demonstrate that through the skillful use of various motifs drawn from utopian writing, Luzzatto formulates a proto-mercantilist program for the revival of the Venetian economy, in which he enshrined his plea for religious tolerance. In doing so, Luzzatto eclectically retained some of the elements of More’s thought, but delineated a counter-model of a society that is neither perfect nor ideal but simply possible and real. Τhe second concern animating Luzzatto’s thinking is to favor a commercial regime that is compatible with Venetian republicanism and predates those envisioned later by John Locke and Bernard Mandeville. Luzzatto can be perceived as an important but underappreciated episode in the transition to capitalism. The Venetian rabbi rejected the kind of communitarianism championed by More and Tommaso Campanella and reworked the 'Myth of Venice' to enunciate new ideas about the contribution of minorities to economic development and social improvement and stability, without postulating a supra-historical order. Luzzatto discerned one of the elements that would render Venice not an optimum but an enduring political entity in its very potential to pioneer a new set of economic arrangements nurtured by the existence of religious differences. Au début de la période moderne, Venise devint un des épicentres de la réflexion utopique en Europe, notamment grâce à la grande diffusion des modèles utopiques inspirés par l’Utopia de Thomas More. Le but de cet article est de revisiter la contribution de Venise à l’évolution de la pensée utopique en s’intéressant à des auteurs moins connus ou sous-estimés qui ont brassé des éléments de diverses théories utopiques afin d’analyser les développements politiques contemporains. Cet article mettra l’accent sur une figure intellectuelle majeure de la communauté juive de Venise, Simone Luzzatto (vers 1580-1663). Mon objectif est de démontrer qu’à travers l’usage habile de divers motifs, Luzzatto formule un programme proto-mercantiliste pour le renouveau de l’économie vénitienne, dans lequel il plaide pour la tolérance religieuse. Ce faisant, Luzzatto retient de façon éclectique certains éléments de la pensée de More et propose un contre-modèle de société, nullement parfait ni idéal mais simplement possible et réel. La deuxième problématique animant la pensée de Luzzatto favorise un régime commercial qui soit compatible avec le républicanisme vénitien et qui précède les régimes envisagés plus tard par John Locke et Bernard Mandeville. Luzzatto peut être perçu comme un jalon important et sous-estimé de la transition vers le capitalisme. Le rabbin de Venise a rejeté le type de communautarisme défendu par More et Tommaso Campanella, et il a repensé le «mythe de Venise» afin d’énoncer de nouvelles idées concernant la contribution des minorités au développement économique ainsi qu’à la stabilité et au progrès social, sans postuler un ordre supra-historique. Luzzatto a constaté qu’un des éléments qui ferait de Venise non pas une entité politique idéale, mais durable, résidait dans sa capacité d’inaugurer un nouveau système économique nourri par l’existence de différences religieuses. |
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