previous article in this issue | next article in this issue |
Preview first page |
Document Details : Title: Jalons de la fortune d'Euripide en France an XVIe siècle, d'Erasme et de Budé à Laudun d'Aigaliers Author(s): KARAGIANNIS-MAZEAUD, Edith Journal: Pharos Volume: 17 Issue: 1 Date: 2009-2010 Pages: 35-63 DOI: 10.2143/PHA.17.1.2136891 Abstract : La France redécouvre véritablement Euripide au XVIe siècle, d’abord grâce au travail d’humanistes, qui toutefois ne le distinguent pas encore du Ps. Euripide. Erasme, Budé, Lazare de Baïf, Buchanan, Dorat, Amyot ou encore le secrétaire d’Etat Bochetel, soucieux de cultiver le latin et le grec tout en faisant réfléchir, le voient en figure originale, digne d’être enseignée aux jeunes et surtout aux princes, emblématique des bonnes relations entre les lettrés et le souverain, leur mécène. Euripide est aussi enrôlé dans un plaidoyer politique en faveur des arts du logos, contre les armes classiques. Ainsi peut-il se voir qualifié de ‘comique’. Cependant, sa mort est considérée comme une métonymie du destin tragique. Aux générations suivantes, marquées par l’intense activité auto-réflexive de la Pléiade, le renouveau de la poésie et l’‘invention’ de la tragédie à l’antique en français, le personnage et ses tragédies sont appréciés du point de vue mythologique, stylistique, esthétique et philosophique. Euripide s’avère une référence en matière de politique et de poétique, un stimulant modèle pour des théoriciens, poètes, traducteurs et penseurs comme Sébillet, Du Bellay, Ronsard, Jean-Antoine de Baïf, Peletier, Jodelle, La Péruse, Garnier, Grévin, La Taille, mais aussi Bruès, Chrestien, Coustau, Tahureau, Du Fail, Du Verdier, Laudun d’Aigaliers et bien sûr Montaigne. L’ampleur de sa fortune est donc attestée d’abord par la place que la doxa attribue à son nom, synonyme d’excellence de la tragédie antique, par diverses anecdotes concernant sa vie et sa mort, sollicitées aussi dans les domaines les plus variés. Ensuite, par les éditions et traductions ou adaptations latines ou françaises, intégrales ou fragmentaires, de ses tragédies: Hécube, mais aussi Electre, Médée, Les Troyennes, Iphigénie à Aulis, Hélène, Hippolyte, Les Suppliantes. Egalement, par la source directe d’inspiration que ces pièces constituent pour les ‘nouveaux Euripides’, notamment Jodelle et La Péruse, en même temps qu’elles nourrissent la réflexion sur ce genre, en particulier sous la plume de Grévin, mais aussi la créativité dans les autres registres de l’écriture en vers ou en prose. Apprécié pour lui-même, Euripide se trouve donc parfois engagé dans des querelles ou des controverses. Il contribue ainsi à l’‘illustration’ de la langue française, à la définition des genres littéraires et à la créativité poétique, à la naissance du théâtre ‘moderne’, à la réflexion sur le monde contemporain et à l’évolution de la pensée critique. |
|