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Document Details : Title: Of Women and Men Subtitle: Literary Images of Marriage from the Fourteenth to the Twentieth Century Author(s): ZIMMERMANN, Margarete Journal: Marriage, Families & Spirituality Volume: 3 Issue: 2 Date: Autumn 1997 Pages: 131-149 DOI: 10.2143/INT.3.2.2014793 Abstract : Dans ce parcours fragmentaire à travers six siècles de réflexions sur l'institution du mariage, il s'agit de cerner ce que l'on pourrait appeler un «imaginaire du mariage», c'est-à-dire la manière de penser ce phénomène qui varie d'époque en époque et où se fait également sentir la différence entre le regard masculin et féminin sur le mariage. Cette recherche part des textes littéraires, appartenant à des genres très divers et à des époques différentes: 1. La fin du Moyen Age (14e/15e siècle) avec Le Ménagier de Paris et Les Quinze Joies de Mariage, deux œuvres anonymes aux visions très divergentes. Dans le premier texte, l'auteur cherche à instruire sa jeune épouse dans l'art de gérer la maison – et de réussir sa vie de couple. La notion de bonheur marital se définit ici principalement par le confort domestique du mari, mais également par une forte solidarité entre les conjoints dont profite aussi l'épouse. Le deuxième texte, une satire misogame, dénonce le mariage comme la source de tous les maux – domestiques, érotiques et autres – et surtout comme l'origine du malheur suprême de tout être humain: la perte de la liberté. 2. Le 16e siècle avec quelques textes centraux de la Querelle des Femmes, ce vaste débat sur la supériorité ou l'infériorité des sexes féminins/masculins. Dans ce contexte, souvent des positions misogynes vont de pair avec des positions misogames et des attitudes philogynes avec une défense du mariage. Pourtant, nous assistons à cette époque non seulement à une participation accrue des femmes à ce combat des plumes, mais aussi à la naissance d'une misogamie proprement féminine. Les femmes écrivains découvrent l'incompatibilité entre le mariage et une activité intellectuelle et se prononcent contre le mariage (Madeleine et Catherine Des Roches, Nicole Liébaut, ainsi que la vénitienne Moderata Fonte). 3. Au 17e siècle, l'âge d'or de la culture féminine en France, ces tendances s'accentuent. Ainsi dans leurs vies, la plupart des écrivaines restent célibataires (comme Marie de Gournay ou Madeleine de Scudéry), pratiquent un mariage à distance, comme Mme de Lafayette, ou se réjouissent de l'état de veuve, comme Mme de Sévigné. Dans le contexte de la préciosité, l'idéal de l'amitié tendre remplace le mariage. Seule, Mme d'Aulnoy qui lance la mode littéraire du conte de fées, développe une nouvelle vision du mariage. Ses protagonistes appliquent le modèle précieux sans pourtant exclure le mariage devenu plus durable et vivable grâce à l'union de deux partenaires liés par la tendresse et une réciprocité dans leur manière de vivre des expériences diverses. 4. Au 19e siècle, cette voie n'est pourtant pas poursuivie. Après la Révolution, une vision très conservatrice de la femme s'articule dans le Code Civil (1804). La littérature réagit de manière diverse à cette évolution: dans La Physiologie du Mariage, Honoré de Balzac se fait le porte-parole d'une conception du mariage comme instrument de répression de la femme et de sa réification. Par contre, les écrivaines de la première moitié du 19e siècle – Germaine de Staël et George Sand – prennent leur distance vis-à-vis de l'institution du mariage, sans pourtant imaginer des utopies du Royaume du Tendre, comme ce fut le cas au siècle classique. 5. Un dernier arrêt au début du 20e siècle: le besoin de remédier à l'institution du mariage se fait d'abord sentir dans l'essai Du mariage que Léon Blum publie en 1907. Blum voit la source principale du malheur conjugal dans le manque d'expérience sexuelle des filles auxquelles il conseille de jeter leur «gourme» à l'instar des garçons. Il faut cependant encore attendre l'écroulement du monde de la Belle Epoque pour que ces postulats entrent en littérature et que commence une nouvelle réflexion sur le mariage. Ces tendances se manifestent dans la trilogie La Femme en chemin de Victor Margueritte, où l'auteur expérimente des notions nouvelles de féminité et de masculinité afin d'arriver à une nouvelle conception du couple. Il manque pourtant des équivalents féminins à ces efforts: les artistes-écrivaines de l'avant-garde rive gauche des années vingt – Colette, Renée Vivien, Gertrude Stein – se gardent bien de vouloir repenser le mariage et préfèrent concevoir la femme solitaire ou androgyne ou des relations amoureuses entre femmes. Et ce n'est pas l'époque postmoderne, la nôtre, qui remédiera à ce désarroi vis-à-vis du mariage, comme en témoigne un roman tout récent, La Sorcière (1996) de Marie Ndiaye. Ici, nous assistons à un jeu de dissolution, à un regard moqueur et triste à la fois sur le mariage qui n'est plus qu'une convention et qui ne protège plus les êtres humains contre les tourments de cette fin de siècle. |
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