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Document Details : Title: Le programme d'une linguistique générale chez Louis Hjelmslev Author(s): SWIGGERS, Pierre Journal: Bulletin de la Société de Linguistique de Paris Volume: 90 Issue: 1 Date: 1995 Pages: 53-83 DOI: 10.2143/BSL.90.1.2002528 Abstract : Le but de cet article est de retracer, dans la construction hjelmslévienne d'une théorie du langage (et de la linguistique), le passage d'une visée «catégorielle» à une visée «relationnelle». Nous esayerons aussi de montrer que dans les Principes de grammaire générale (1928), Hjelmslev posait les bases d'une théorie du système morphologique du langage, où le concept de «forme» est central. Toutefois, ce qui fait défaut, c'est une théorie d'ensemble qui permet d'articuler le dispositif des categories (celles des sémantèmes, des morphèmes et des fonctions): dans ses Principes, Hjelmslev ne parvient pas à mettre en place une théorie des morphèmes. Cela tient au fait que le concept de «forme» chez Hjelmslev n'est pas l'aboutissement d'une application de techniques analytiques, mais est le corrélat de ce qu'il avait identifié comme «fonction». D'ailleurs, chez Hjelmslev les catégories grammaticales sont définis non en termes d'extension, mais en termes de contenusignificatif. Dans le passage vers les premières publications glossématiques, on peut relever une continuité profonde, à savoir celle de rechercher un système abstrait, permettant de définir toutes les unités et d'expliciter toutes les démarches possibles, mais aussi un renversement de perspective, à savoir l'adoption d'une démarche déductive, dont le but est de construire une théorie de la structure du langage. Celle-ci repose sur trois distinctions essentielles: celle entre «forme» et «substance», celle entre «expression» (le plan des cénématèmes) et «contenu» (le plan des plérématèmes), et celle entre «procès» et «système». Il n'en reste pas moins que la théorie morphologique que Hjelmslev élabore entre 1928 et 1943 est insuffisante, à la fois par sa démarche trop sémanticiste et par un manque d'adéquation empirique. L'Omkring sprogteoriens grundlaeggelse (= Prolégomènes à une théorie du langage; 1943) marque l'extension du projet de grammaire générale à un projet de linguistique générale, où la théorie linguistique est conçue comme une métasémiotique et intégrée à une méthodologie des sciences. Les Prolégomènes proposent un universalisme de structures, obtenues par l'analyse des relations qui articulent le système. La notion de «catégorie» devient ainsi secondaire, ou même tertiaire, étant subordonnée à l'analyse fonctionnelle. Dans cette nouvelle conception, la linguistique générale est devenue une réflexion sur la stratification du langage, qui permet de récupérer l'ancien projet portant sur les catégories de description, mais qui transcende celui-ci par une visée pan-sémiotique, où le langage est envisagé comme schéma et comme usage de ce schéma. |
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