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Document Details :

Title: Qui narre le pathos chez Henry et Duras?
Subtitle: Enjeux phénoménologiques du «cela» de l'écriture
Author(s): DEL MASTRO, Cesare
Journal: Revue Philosophique de Louvain
Volume: 115    Issue: 2   Date: mai 2017   
Pages: 327-356
DOI: 10.2143/RPL.115.2.3245505

Abstract :
Face aux méthodes biographique, sémiotique et herméneutique qui opposent le «moi» de l’auteur, les différentes voix associées au narrateur et le «tu» du lecteur, cet article se donne pour tâche d’aborder d’un point de vue résolument phénoménologique la question portant sur le «qui» de l’écriture romanesque. Pour ce faire, nous étudions la manière dont, dans leurs écrits relatifs au roman et surtout dans leur pratique du langage elle‑même, Michel Henry et Marguerite Duras désignent le pronom démonstratif «cela» comme le mode de phénoménalisation de l’acte de raconter. Nous montrons tout d’abord que ce «là» qui décide du geste même de l’écriture renvoie au Fond de la vie subjective radicale où des forces et des affects désirent s’éprouver et s’accroître – souffrir et jouir de soi – par le biais de leur propre figuration littéraire. Il s’agit ensuite d’inscrire le «cela qui écrit» dans une conception plus générale du langage comme «Parole de la vie» qui, dépassant toute représentation du monde et toute configuration du sens, est à même de «narrer le pathos» sous les formes du cri, de la musique et du corps agissant. Nous affirmons enfin que le ravissement de l’écrivain au profit du Dire de la vie auto‑affective permet de fonder tout récit dans la même histoire originaire des vivants qui réunit «moi», «l’autre» et «le tiers».



Faced with the biographical, semiotic and hermeneutical methods that oppose the «I» of the author, the different voices associated with the narrator, and the «you» of the reader, this article seeks to approach from a resolutely phenomenological point of view the question of the «who» of romanesque writing. To do so, we study the way in which Michel Henry and Marguerite Duras refer to the demonstrative pronoun «that» as the mode of phenomenalisation of the act of relating. We first show that this «there» which decides on the very act of writing refers to the Foundation of radical subjective life in which forces and affects desire to feel themselves and to grow – suffer and delight themselves – by means of their own literary representation. The next task is to include the «that which writes» in a more general conception of language as «Word of life», which, going beyond any representation of the world and any configuration of meaning is able to «narrate the pathos» in the forms of the scream, music and the acting body. Finally, we affirm that the effacing of the writer to the advantage of the To Say of the self-affective life makes it possible to found any account in the same originary history of living beings which brings together the «I», the «other» and the «third party».

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