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Title: La Turquie dans le concert mondial de l'éducation
Subtitle: Une analyse des enquêtes PISA de 2003 à 2012
Author(s): ESTABLET, Roger , FELOUZIS, Georges , CHARMILLOT, Samuel
Journal: Turcica
Volume: 47    Date: 2016   
Pages: 257-288
DOI: 10.2143/TURC.47.0.3164947

Abstract :
L’évaluation internationale des élèves de 15 ans par l’OCDE, dans son enquête triennale PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) donne lieu fréquemment à des classements médiatiques où le Mexique et la Turquie, toujours bons derniers, font triste figure. Mais l’enquête de l’OCDE n’a pas pour objet principal de construire des palmarès. Elle a le mérite sérieux de fournir, en plus des résultats mesurés par des tests internationaux rigoureux, des données précieuses sur l’origine sociale des élèves, sur les ressources matérielles et culturelles de leurs parents. Elle invite donc à comparer la Turquie aux pays qui, sous les rapports de l’économie et de la société, peuvent lui être comparés. Les données permettent aussi de suivre l’évolution des compétences sur une décennie (de 2003 à 2012). En questionnant directement les bases de données PISA sur la Turquie, quelques faits majeurs apparaissent:
• l’échec scolaire (mesuré par des compétences très faibles en compréhension de l’écrit et en mathématiques) est en très nette diminution depuis 2003,
• en revanche, l’accès à un niveau minimum de compétence dans ces deux domaines est en très nette amélioration,
• l’inégalité sociale pour éviter l’échec et pour accéder à un savoir minimum a nettement diminué,
• mesuré à ces deux niveaux de compétence, modestes mais essentiels, l’évolution des compétences des filles est impressionnante,
• ces résultats positifs, et très nécessaires, vu le niveau de la Turquie en 2003, sont liés pour l’essentiel à l’amélioration de l’efficacité de l’enseignement,
• la formation de base s’est donc nettement améliorée et démocratisée. Il faut sans doute y voir les effets positifs de la loi de 1997 sur l’éducation.
Reste un point faible de l’école turque : l’accès à l’excellence n’a pratiquement pas évolué et, sur ce point, les inégalités sociales persistent. C’est un point préoccupant, mais que les enquêtes PISA permettent de situer à sa juste place. Certains pays, soucieux surtout de développer leurs élites scolaires, ont négligé les formations de base. C’est le cas de la France, où, dans la décennie, l’échec scolaire s’est accru et l’accès à un niveau minimum de compétence a diminué. Souhaitons à la Turquie de trouver les mesures qui permettent à la fois de développer les élites et de poursuivre la mise en place d’une école obligatoire performante et démocratique.



The international assessment of 15-year old students competencies conducted by the OECD through PISA surveys (Program for International Student Assessment) often gives rise to rankings where Mexico and Turkey appear to be the less performing countries. However, the main focus of PISA surveys is not to rank countries. More importantly, PISA data provide a measure of student competencies in different countries through rigorous testing. They also give valuable information about the social background of students, the material and the cultural resources of their parents. In this article, we use these data to compare Turkey with other countries with a similar level of economic and social development and also to track how the competencies of Turkish students have changed between 2003 and 2012. Our analysis of the PISA data shows the following results:
• Academic failure (measured by very low competencies in reading literacy and mathematics) is in sharp decline since 2003.
• Access to a minimum level of competencies in reading literacy and mathematics improved strongly.
• Social inequalities decreased significantly for students experiencing academic failure as well as for access to a minimum level of competencies.
• For girls, competencies in reading literacy and mathematics have improved greatly.
These positive results are mainly related to the improvement in the efficiency of the Turkish education system. Basic education has improved significantly and has also been extended to a greater number of students. This is probably a positive effect of the 1997 Law on Education. The weak point of the Turkish education system is the access to excellence: the proportion of students with a very high level of competencies in reading literacy and mathematics has hardly changed between 2003 and 2012; social inequalities also remain strong. It is a point of concern, but the PISA surveys show that some countries that were especially concerned about developing their academic elites have neglected basic education. This happened for example in France: since 2003 academic failure has increased and access to a minimum level of competencies has decreased. We wish that Turkey can implement measures to both develop the elite and to continue building an effective and democratic public school.

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