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Title: Religion et révélation dans la période moderne
Subtitle: De Kantà Fichte. La théologie en procès
Author(s): HOLZER, Vincent
Journal: Revue Théologique de Louvain
Volume: 49    Issue: 3   Date: 2018   
Pages: 365-386
DOI: 10.2143/RTL.49.3.3285259

Abstract :
La possibilité d’ériger un concept a priori de révélation repose sur la postulation du Dieu moral, dont Fichte consacrera le caractère quasi ontologique. De cette liaison entre le Dieu moral et la révélation, naît une représentation de la pensée qui ne retiendra de la théologie qu’une trace résiduelle, pour lui substituer un concept rationnellement plus adéquat, celui de «religion» au sens où Lactance la définit. L’ellipse «religion-révélation» devient dès lors une figure de substitution qui fait de la «foi historique» ou de la «théologie» une «science morte», même si la «sensibilité» (Sinnlichkeit) appelle, pour les besoins de l’imagination, la «représentation» d’un «Dieu des hommes». Dès lors, l’universalité de la maxime morale qui effectue et rend possible la loi du respect passe par une reconfiguration sotériologique. Le règne des fins, atteignable uniquement par les impératifs de la raison pratique, relègue toute la dogmatique chrétienne dans la sphère de la représentation, une sorte de résidu dont il faudra bien se débarrasser. La téléologie morale kantienne, parce qu’elle rend impossible toute théodicée spéculative et parce qu’elle exige le dépassement des anthropomorphismes dogmatiques, est grosse d’une thèse sotériologique de substitution. La théologie, comme savoir critique, ne saurait ignorer ces mutations et ne peut s’y rapporter qu’à titre de «controverse», selon la requête exprimée par le théologien luthérien Eberhard Jüngel. C’est cette voie reconstructive que nous nous efforçons d’honorer.



The possibility of erecting an a priori concept of revelation rests on the postulate of a moral God, to which Fichte attributes a nearly ontological character. The correlation between the moral God and revelation gives rise to a representation of thought that only retain a residual trace of theology in order to replace it with a more rationally adequate concept, that of «religion» as Lactance defines it. The «religion-revelation» ellipsis subsequently becomes a replacement figure that makes «historical faith» or «theology» into a «dead scientific discipline», even though sensitivity (Sinnlichkeit) calls for the representation of a «God of men» for the needs of the imagination. From then on, the moral maxim that carries out and makes the rule of respect possible goes through a soteriological reconfiguration. The reign of the end, only reachable through the imperatives of practical reason, relegates Christian dogmatic theology to the realm of representation, as if it were a sort of residue to be rid of. Because it renders all speculative theodicy impossible and requires overcoming dogmatic anthropomorphism, Kantian moral teleology needs a soteriological premise of substitution. As critical knowledge, theology cannot ignore these mutations, but rather must be in relation to them through controversy, as the Lutheran theologian Eberhard Jüngel suggested. This article strives to respect this reconstructive way forward.

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