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Title: Israélisme et christianisme au temps des Réformes
Subtitle: Les conditions théologico-politiques de l'autonomie moderne. Un cas topique: l'interprétation royaliste du 1er Livre de Samuel (8, 9-20)
Author(s): BOURDIN, Bernard
Journal: Revue Biblique
Volume: 124    Issue: 1   Date: 2017   
Pages: 57-70
DOI: 10.2143/RBI.124.1.3206584

Abstract :
La thèse de Marcel Gauchet selon laquelle le christianisme est «la religion de la sortie de la religion», et à ce titre fondatrice de l’autonomie politique, ne saurait s’expliquer sans en passer par une théorie historique du déclin de la dépendance de l’organisation des sociétés humaines par rapport à tout modèle d’hétéronomie religieuse. Mais le moment chrétien de la sortie de la religion est précédé par la Révélation mosaïque, première religion de la transcendance et de la réduction de l’hétéronomie (ou de l’altérité). Cette théorie philosophique qui prend son assise dans une histoire politique de la religion nécessite, pour ce motif, d’être vérifiée dans le champ de l’histoire des idées théologico-politiques du christianisme. C’est particulièrement topique dans le contexte des Réformes du XVIe siècle. En vertu de son recours au texte fondateur de la royauté israélite, le calvinisme politique du roi Jacques Stuart (1566-1625) réalise une opération paradoxale en fondant l’autonomie du pouvoir monarchique sur la base d’une théologie de la toute-puissance de Dieu. Ce cas de figure, parmi bien d’autres dans le contexte des Réformes, vient accréditer par l’histoire la thèse de Marcel Gauchet du paradoxe des religions de la transcendance (israélisme et christianisme): l’hétéronomie religieuse comme mise en œuvre théologico-politique de l’autonomie moderne.



Marcel Gauchet’s thesis, according to which Christianity is 'the religion of the end of religion', and in this way foundational to political autonomy, can only be explained in terms of a historical theory of the diminishing dependence of human societies upon models of heteronomous religious models for their organization. But the moment at which Christianity exits religion is preceded by the Mosaic Revelation, which introduced the first religion of transcendence, thus moving away from heteronomy (or differentiation). This philosophical theory, based upon a political history of religion, accordingly needs to be verified in the context of the history of theological-political thought within Christianity. This is particularly pertinent in the context of the 16th century Reformation. By hearkening back to the foundational text of Israel’s monarchy, the political Calvinism of King James Stuart (1566-1625) accomplishes a paradoxical task, basing the autonomy of monarchical power upon God’s omnipotence. This specific case, along with many others in the context of the Reformation, uses history to give credence to Marcel Gauchet’s thesis of the paradox of religions of transcendence (Judaism and Christianity): religious heteronomy as a theologico-political implementation of modern autonomy.

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