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Document Details :

Title: La syntaxe anglaise de Marguerite Duras
Author(s): VAUDREY-LUIGI, Sandrine
Journal: L'Information Grammaticale
Volume: 132    Date: janvier 2012   
Pages: 43-47
DOI: 10.2143/IG.132.0.2152730

Abstract :
On sait, notamment par certains noms de personnages, également par certains noms de lieux, que la prose narrative de Marguerite Duras possède, en surface, une coloration anglaise. Ce dont on ne se doute guère en revanche, c’est que la syntaxe durassienne présente parfois des traits qui se rapprochent de manière troublante de certaines constructions typiques de l’anglais. Cette affinité avec la langue anglaise ne s’explique pas contextuellement: si Marguerite Duras a pratiqué l’anglais, aucun élément biographique ne semble déterminant pour rendre compte de tournures manifestement inspirées par la syntaxe anglaise. On sait en revanche que l’auteur maîtrise cette langue correctement, comme l’attestent les quelques phrases en anglais présentes dans Emily L. Il s’agit en ce sens d’un cas unique dans notre littérature. En effet, s’il est connu que le lexique passe assez facilement d’une langue à une autre, la syntaxe, quant à elle, ne se prête pas à l’emprunt: les calques restent rares et généralement ponctuels. Or, non seulement on trouve quelques cas épars qui rappellent la langue anglaise, mais surtout, deux constructions infinitives, très courantes en anglais, apparaissent de manière récurrente dans les derniers romans durassiens. Notre propos ne relève pas ici d’une analyse linguistique de l’infinitif en anglais ou en français ni même d’une perspective d’analyse contrastive. Nous souhaitons en revanche montrer le rendement stylistique de tours proches ou calqués de l’anglais. Il s’agira donc d’observer comment la porosité de la langue durassienne avec des constructions infinitives anglaises donne naissance à deux stylèmes qui, tout en malmenant la norme grammaticale française, n’en participent pas moins à la constitution de l’idiolecte durassien dans la mesure où ils rejoignent le souhait exprimé de nombreuses fois par l’auteur d’une langue synthétique.

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