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Document Details :

Title: Marriage: A Question of Character?
Author(s): RIKHOF, Herwi
Journal: Marriage, Families & Spirituality
Volume: 2    Issue: 2   Date: Autumn 1996   
Pages: 151-164
DOI: 10.2143/INT.2.2.2014850

Abstract :
Mariage et caractère sacramentel
Cette étude est consacrée à la question de savoir si le terme «caractère», traditionnel en théologie sacramentelle, peut encore être utile aujourd’hui pour mieux comprendre la «permanence» du sacrement de mariage («sacrement permanent»). En outre, ces réflexions ont pour centre la relecture d’un texte classique: la question relative au caractère sacramentel chez Thomas d’Aquin (Somme Théologique III, q. 63).
Thomas se réfère, au départ, à l’Écriture Sainte qui parle d’un «sceau» qui est conféré pour signifier le passage des ténèbres à la lumière, de l’esclavage à la liberté. Thomas comprend le caractère sacramentel comme un pouvoir spirituel (potestas spiritualis), qui habilite le chrétien, du moins par la réception de certains sacrements (baptème, confirmation, ordre), à prendre part au culte divin (cultus divinus). Cela signifie pour lui simultanément participation au sacerdoce du Christ. En pleine conformité avec la tradition, Thomas pense toutefois que le sacrement de mariage ne confère guère un tel caractère sacramentel. Cette conclusion n’est cependant pas très convaincante, et cela pour deux motifs.
Le premier: Thomas situe les sacrements dans l’ensemble de sa théologie là où il est question du «retour» de l’homme à Dieu. Ce chemin vers Dieu, c’est le Christ. D’où la perspective christologique qui marque la considération des sacrements. Mais en même temps, pour Thomas, les sacrements font partie du cheminement terrestre de l’homme et dès lors se réfèrent constamment aux différentes phases de la vie humaine. Ainsi le caractère sacramentel habilite aux actions qui correspondent à chacune de ces situations ou phases de la vie et permettent à l’homme de s’avancer ainsi sur le chemin spirituel de la perfection.
C’est à partir de ceci qu’il y aurait lieu de reconnaître aussi au mariage un tel caractère. En effet, le mariage constitue de toute évidence une étape spécifique de la vie de la femme et de l’homme et il comporte également des actes particuliers qui lui correspondent. Le sacrement de mariage et la grâce particulière de la vie matrimoniale peuvent donc être conçus comme conférant un pouvoir spirituel d’accomplir des actions déterminées inhérentes à cette phase de la vie, en sorte qu’en découle également une participation au sacerdoce du Christ. De même que dans le baptême on reçoit le pouvoir de faire ce qui sert à son salut personnel, ainsi aussi reçoit-on dans le sacrement de mariage la capacité de faire ce qui sert au salut de l’autre. Ces réflexions font supposer que la cause qui fait que de tels actes servent au salut, réside bien dans le caractère sacramentel.
Le deuxième motif: la théologie du mariage implique chez Thomas certains éléments typiques de son époque, qui comme tels ne sont pas d’ordre théologique et qui ne s’harmonisent pas bien avec sa théologie des sacrements. Sa considération du mariage se limite à l’activité corporelle et – correlativement – à la procréation entendue comme finalité première en sorte qu’il ne peut pas apprécier les actes propres du mariage comme des actions authentiquement spirituelles. Mais cette manière de voir suscite précisément la critique de la théologie actuelle.
Enfin, il semble convenable de reconnaître un caractère sacramentel également au sacrement de mariage en ce sens qu’il est une participation commune de l’homme et de la femme, en tant que couple, au sacerdoce du Christ.

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