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Document Details :

Title: Marriage in Crisis
Subtitle: Are You for or Against?
Author(s): CHRISTIE, Jim
Journal: Marriage, Families & Spirituality
Volume: 3    Issue: 1   Date: Spring 1997   
Pages: 52-61
DOI: 10.2143/INT.3.1.2014812

Abstract :
Le mariage en crise
On dit aujourd’hui que le mariage est en crise. Or, une crise est un phénomène naturel, c’est une fonction de la croissance beaucoup plus qu’une erreur ou une mauvaise gestion. De plus, une crise n’est pas une situation d’urgence exigeant une intervention rapide et spontanée. Le fait de se marier pourrait même être considéré en soi comme le commencement d’une crise pour les époux. C’est dans cet esprit que l’auteur explore, d’un point de vue psychologique, le sens de la crise du mariage aujourd’hui et les façons d’orienter cette crise vers une issue positive.
On peut voir dans le nombre croissant de divorces que l’on peut observer depuis quelques dizaines d’années et de solutions alternatives au mariage un signe évident du fait que le mariage est en crise. Cette tendance s’explique par un certain nombre de raisons évidentes, mais il ne faut pas négliger l’influence de facteurs moins connus. Les problèmes d’engagement et de permanence, par exemple, pourraient bien résulter de l’accroissement statistique de l’espérance de vie devenue pratiquement une norme de notre époque. Les couples qui ont élevé des enfants les voient quitter la maison et passent encore la moitié de leur vie conjugale sans enfants au foyer. La révélation progressive des cas de maltraitance et d’abus sexuels dans la famille est un autre facteur récent qui exerce une pression de plus en plus forte sur la vie conjugale et familiale. On pourrait en conclure que si tel est le résultat du mariage, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans le mariage tel que la tradition nous le propose. Une autre caractéristique de notre époque réside dans la nouvelle conception du mariage qui aujourd’hui se fonde sur une relation d’intimité et une recherche d’authenticité avec tous les défis que cela implique. Une conséquence en est que les gens ne considèrent plus que c’est une vertu que de souffrir et de tout supporter en silence.
La seule voie qui permettrait de surmonter la crise du mariage ne peut être abordée qu’en mettant en lumière les conditions actuelles dans notre société. Une première observation que l’on peut faire, c’est que le mariage se conçoit de plus en plus comme un échange fondé sur une relation d’amour où chaque partenaire se donne à l’autre, plutôt qu’un rapport d’inégalité où l’un pose des exigences et se sert de l’autre. Du point de vue psychologique, la principale conclusion que l’on peut en tirer est qu’une véritable égalité entre l’homme et la femme est indispensable pour qu’il y ait un amour réel. Cette égalité croissante met un terme à l’ambivalence de la norme morale conjugale dont l’expression la plus banale était traditionnellement que l’infidélité était considérée comme tolérable pour l’homme mais pas pour la femme. Cependant, le déclin de cette double norme est en même temps un facteur qui contribue à l’augmentation du taux de divorce, du fait que les femmes qui, pour la première fois dans l’histoire ont les moyens économiques de subvenir à leurs besoins, vont jusqu’au bout de leurs convictions et prennent l’initiative d’une séparation. En ce sens la situation aujourd’hui pourrait bien être paradoxale: le divorce pourrait représenter non pas la désintégration du mariage en tant qu’institution, mais sa reformulation selon une orientation nouvelle et plus saine.
Egalité et réciprocité signifient également que les deux partenaires ont des besoins qui peuvent être reconnus et pris en compte. Cela signifie ne pas tomber dans la croyance fallacieuse qui prétend que seul un des deux partenaires a des besoins et pas l’autre. Un couple qui évite de tomber dans ce piège trouvera un sens de sécurité dans l’attachement et n’aura pas besoin de compter sur les enfants pour cimenter sa relation. Cet accent mis sur l’égalité, vu sous l’angle du mariage en tant que sacrement de l’amour de Dieu, ouvre la voie à la compréhension d’une créativité émotionnelle et spirituelle du mariage qui va au-delà de la procréation biologique.
Cette égalité ne sonne pas nécessairement le glas du rôle traditionnel du père en tant que «chef de famille». Dans de nombreux cas, il peut même être nécessaire de réhabiliter le rôle du père. De même que la femme a besoin d’égalité dans le couple, de même l’homme a souvent besoin d’une position d’égalité dans la famille.
Nous pouvons regarder ce chemin d’évolution aussi d’un point de vue spirituel, en y découvrant une position qui est plus honnête face à Dieu tout en adoptant une attitude plus délibérément humaine. Un élément que toutes ces approches ont en commun, c’est qu’elles se réfèrent toutes à la nécessité de «travailler» en permanence la relation, ce qui veut dire: être dans une recherche constante d’une plus grande sensibilité, d’une meilleure compréhension, avoir la certitude qu’il est toujours possible d’atteindre plus d’amour et vouloir y parvenir.

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