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Document Details : Title: Le passé-présent du tekke d'Abdal Musa Subtitle: Une enquête sur les survivances du passé ottoman, l'autorité religieuse et la communauté dans un village bektachi de l'ouest-anatolien Author(s): SIGALAS, Nikos Journal: Turcica Volume: 48 Date: 2017 Pages: 381-448 DOI: 10.2143/TURC.48.0.3237146 Abstract : Nous allons ici «revisiter» à rebours l’histoire du tekke d’Abdal Musa et de son village, Tekke Köyü. Notre intention est de donner de la profondeur historique à un terrain ethnologique, tout en faisant profiter la recherche historique des observations ethnologiques. Ce mariage de l’oralité à l’archive amène un certain nombre de surprises: des événements racontés de manière vague par les paysans, des anecdotes, à l’origine sans date, s’ajustent aisément à la «grande histoire», chronologique, de l’Empire ottoman. Ils racontent quasiment tous – ainsi que d’autres faits relevés dans les archives et dont la mémoire est perdue – une lutte incessante pour la possession de ce qui a constitué la grande richesse de ce lieu : l’autorité religieuse découlant de la figure charismatique, inhumée sur place, d’Abdal Musa. Source de pouvoir comme de revenus économiques, cette autorité fut également la source – ou la «matière» – de plusieurs formes de communautés, «exagérément chiites» (ġulât) ou «modérées», constituées de moines célibataires ou de profanes mariés: abdals, bektachis, kızılbaş, dedegan ou babagan, mais jamais «alévis». Elle fut en même temps – et demeure – source de divisions, de rivalités et de disputes, tant au sein de la «communauté» qu’entre des représentants d’ordres religieux et de hiérarchies rivaux. Communauté, segmentarité et hiérarchie, filiation et élection: tels sont les thèmes que cet article essaye de filer dans une longue durée historique, en analysant leur rapport avec l’autorité religieuse et, au-delà, le pouvoir. In this article, we approach the history of Abdal Musa’s tekke and of its village, Tekke Köyü, by moving backwards. Our scope is to add historical depth to an ethnological fieldwork, as well as to make the historical research benefit from ethnological observation. This union between orality and the archive proved to be fruitful: events vaguely narrated by the villagers, anecdotes, originally undated, easily find their place in the history of the Empire. These stories – as well as many other across which we come in the archives – tell the struggle for the possession of what forms the biggest wealth of this land: the religious authority springing from the charismatic figure that 'here lies', Abdal Musa. Being a source of power as well as of revenue, this religious authority became also the cohesive force of several forms of community: 'excessively Shiites' (ġulât) or 'moderates', set up by unmarried monks or by married seculars: Abdals, Bektashis, Kızılbaş, dedegan or babagan, but never 'Alevis'. However, religious authority has also been – and still is – a source of division, rivalry and dispute, within the community as well as among representatives of competing religious orders or hierarchies. Community, segmentarity and hierarchy, filiation and election: these are the themes this article tries to follow in the historical longue durée, questioning their link to religious authority and, moreover, with power. |
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