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Document Details : Title: La passion de manger chez Augustin et les faux plis d'un héritage stoïcien Author(s): JEANMART, Gaëlle Journal: Revue Philosophique de Louvain Volume: 103 Issue: 4 Date: Novembre 2005 Pages: 507-530 DOI: 10.2143/RPL.103.4.2003544 Abstract : Cette étude examine un passage des Confessions X, XVI, 23 sur la passion de manger, passage considéré comme un des éléments de la critique augustinienne de l’idéal stoïcien d’apathie. L’A propose deux lectures possibles du pli pris en Occident dans la conception de la faim, l’une faite en questionnant ses conséquences théoriques, l’autre, qui interroge ses conséquences pratiques. La lecture A, celle de M. Daraki notamment, permet de considérer ce passage des Confessions comme l’indice qu’un nouveau champ de savoir, obturé jusque là même pour les stoïciens, s’est ouvert qui reconnaît et étudie enfin pour telle la réalité passionnelle de l’homme. La lecture B, d’inspiration plutôt foucaldienne, s’attache aux impacts de cette reconnaissance augustinienne d’un aspect passionnel indépassable en l’homme sur les thérapies de l'âme et exercices spirituels; elle se penche sur les conséquences pratiques de la définition de la passion par la passivité. Les conclusions et les apports de cette étude sont doubles. Elle permet, d'une part, de montrer comment ces deux manières d’interroger un même texte lui confèrent dans l’histoire de la pensée une importance et un statut bien différents. Et, d'autre part, dans la ligne de la lecture B, elle interroge les enjeux fondamentaux et les impacts encore perceptibles dans la conception psychanalytique ou scientifique contemporaine du rapport raison/passion, d’un glissement dans la lecture qu’Augustin proposait de la théorie stoïcienne des passions, qui a oblitéré pour longtemps la distinction capitale à leurs yeux entre pré-passion et passion. This study consists in an examination of a passage of the ConfessionsConfessions as the indication that a new field of knowledge, hitherto closed, even for the Stoics, had opened, which finally recognizes and studies as such human passions as a reality. The second reading, which reflects the influence of Foucault, interests itself in the consequences in practices and spiritual exercises of this Augustinian recognition of a passionate aspect in man that cannot be overcome and of the definition of passion by means of passivity. One can see how these two ways of interrogating the same text confer on it a status and importance that are very different in the history of thought. An attempt is also undertaken to see, in the line of the second reading, the fundamental stakes and the impact still perceptible today, notably in the psychoanalytic conception of the relationship reason/passion, of a shifting in the reading that Augustine proposed of the Stoic theory of the passions, that obliterated the distinction that was capital for the Stoics between pre-passion and passion. |
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